Le voile s’invite aux JO
La Charte olympique se veut la garante de la laïcité et du caractère apolitique. Mais avec les nouvelles directives de la FIFA le Comité international olympique aura du mal à respecter ces principes. Le 5 juillet dernier, l’International Football Association Board (Ifab) seule institution ayant le pouvoir de changer les règles de ce sport, a autorisé le port du voile dans les rencontres de la Fifa.
Les représentants sportifs des pays du Golfe se réjouissent de la décision de l’Ifab. «Je pense que le hijab ne doit pas empêcher la participation des femmes musulmanes aux Jeux olympiques (...). Les Jeux seront une grande opportunité pour les femmes arabes et musulmanes de montrer leurs capacités», avait déclaré le prince Ali de Jordanie, vice président de la Fifa pour l’Asie et demi-frère du roi Abdallah, II. L’Onu, elle, considère cette décision comme une avancée contre les discriminations. Pour les féministes et les défenseurs de la laïcité, le port du voile est une régression de la condition de la femme dans le sport.
«On est en train de tuer le travail des pionnières musulmanes»
«Il faut savoir que la FIFA avait jusqu’à présent résisté aux pressions du monde arabe. Je suis révoltée du fait que l'instance contourne les règlements en arguant que le voile est "un signe culturel et non religieux". Cela implique que les Jeux olympiques ne sont plus synonymes de trêve olympique », s’indigne Annie Sugier présidente de la Ligue internationale des droits de la Femme et auteur du livre Femmes voilées aux Jeux olympiques dans un entretien accordé à France 24.
Et d’ajouter : « On est en train de tuer le travail des pionnières musulmanes comme Nawal El-Moutawakel, première femme musulmane à avoir remporté une médaille d'or aux Jeux olympiques de Los Angeles [400 mètres haies, en 1984]». La Ligue du Droit International des femmes a lancé une pétition « pour l’application de la Charte Olympique à Londres 2012 », dont la version française a déjà été signée par un millier de personnes.
En 2011, alors que le voile était encore interdit sur les pelouses, l’équipe féminine d’Iran avait dû se retirer des éliminatoires des jeux Olympiques. Trois Jordaniennes ont également été contraintes de quitter la sélection. Pendant des années l’Ifab avait interdit le port du voile en arguant que cela représentait un danger pour les joueuses : elles risquaient, notamment, de s’étrangler. La « sécurité » des footballeuses ne semble plus être la priorité des hautes autorités sportives. La judoka saoudienne combattra finalement avec le voile.
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