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Moyen-Orient: le nombre de migrants fuyant la région a plus que doublé en 10 ans

En cette époque d’amplification des mouvements de populations sur la planète, le Moyen-Orient détient le triste record de la zone la plus désertée par ses propres habitants. Le nombre de migrants fuyant les pays de cette région a plus que doublé en dix ans, selon Pew Research Center. Certains pour des raisons économiques, mais en grande majorité chassés par les conflits armés, surtout depuis 2011.
Article rédigé par Alain Chémali
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Des réfugiés irakiens fuyant les quartiers de Mossoul sous contrôle de Daech, à leur arrivée dans la ville de Qayyarah, le 18 octobre 2016.  (Hemn Baban/ANADOLU AGENCY/AFP)

Le chiffre est vertigineux et n’est sans doute pas près d’être revu à la baisse. Selon le très sérieux Pew Research Center basé à Washington, le nombre de migrants originaires du Moyen-Orient est passé de 25 millions à environ 54 millions entre 2005 et 2015.

Le Moyen-Orient, plus important pourvoyeur de migrants dans le monde 
Dans un rapport publié le 18 octobre 2016, sur la base de l’étude de données fournies par les multiples agences des Nations Unies, le Pew précise que cet accroissement rapide du nombre de personnes à la recherche de nouveaux lieux d’existence et de sécurité, a fait du Moyen-Orient la région la plus pourvoyeuse du monde en migrants internationaux et en populations déplacées de force.   
               
Le phénomène représente en effet une augmentation de 120% du nombre de migrants venus de la région. Un taux record, comparé au chiffre de 91% pour l’Afrique, 77% pour l’Amérique latine et les Caraïbes, et 26% pour la région Asie-Pacifique, sur la même période.
 
Plus qu’un doublement de la vague de migration, dû aux individus ou familles en quête de moyens de subsistance. Mais dû aussi et surtout, souligne le centre de recherche, au fait que la majorité du flux (60%) est une conséquence des conflits armés et des déplacements forcés de millions de personnes loin de leurs maisons ou de leur pays de naissance.

Une personne sur dix vivant au Moyen-Orient est aujourd'hui un migrant 
Pour les pays de la région, le taux de candidats au départ est ainsi passé de 7% en 2005 à 13% en 2015, avec une nette accélération depuis la crise syrienne en 2011. Autrement dit, une personne sur dix vivant au Moyen-Orient est aujourd’hui migrant international ou déplacé de force.
 
En 2015, l’essentiel du contingent des 23 millions de migrants fuyant la guerre a été fourni par la Syrie (7,1) et l’Irak (4,7), le reste venant de Jordanie (2,9), du Yémen (2,8) et de Turquie (2,8).
 
La même année, 41% des migrants déplacés du Moyen-Orient, soit 9,6 millions de personnes, se sont fixés dans des pays étrangers, dont 85% dans les quatre pays voisins : Turquie, Jordanie, Liban et Iran.

La migration économique vers les pays du Golfe en déclin
L’étude s’attarde également sur le nombre de migrants économiques, passé de 19 à 31 millions en une décennie. Mais il s’agit de migrants internationaux, non déplacés de force, surtout des professionnels ou des travailleurs manuels émigrés dans les pétromonarchies du Golfe.
 
En 2015, 10,2 millions d’entre eux se sont établis en Arabie Saoudite, 8 millions dans les Emirats Arabes Unis, le reste se partageant entre le Koweit, Oman et le Qatar, mais aussi l’Iran et Israël.

En dépit de cet accroissement, leur proportion est en baisse par rapport au nombre global de migrants du Moyen-Orient. Face au flux de personnes déplacées de force, leur taux est tombé de 78 à 57%.

De plus, le phénoméne de migration économique est déclinant en raison de la baisse du prix du pétrole et du ralentissement de la croissance du marché de l'emploi dans les pays de l'Eldorado pétrolier.

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