Naufrages en Méditerranée : "Il ne faut pas faire de publicité aux trafiquants" (Frontex)
"Nous avons un sentiment d’écœurement face aux agissements des criminels en Libye qui jettent à la mort de pauvres gens, dont certains sont probablement des demandeurs d’asile et beaucoup d’autres des migrants irréguliers ", explique Fabrice Leggeri, directeur exécutif de l'agence Frontex, agence européenne pour la surveillance des frontières.
Prudence sur les chiffres
Depuis le 1er novembre 2014, Frontex, en plus de la surveillance des frontières, appuie l’Italie dans le cadre du secours en mer. Fabrice Leggeri tient d’ailleurs à préciser que l’"on parle dans les médias de 700 morts, mais que les autorités italiennes n’ont toujours pas pu établir de bilan et les circonstances. Il faut être très responsable quand on annonce des chiffres. " Fabrice Leggeri rappelle aussi que si l’Union européenne aide les personnes qui "se noient" en mer, elle n’a pas de mandat pour le faire. "Nous mettons à disposition nos moyens, mais le droit international ne donne aucune compétence à l’Union pour le faire. Par conséquent l’agence Frontex ne peut pas avoir un mandat de recherche en mer. "
"Il ne faut pas faire de publicité aux trafiquants"
Parmi les dizaines de milliers de migrants d’Afrique subsaharienne beaucoup ne sont pas des demandeurs d’asile. "C’est en Grèce que les Syriens arrivent. Il faut une vision consolidée de la situation et c’est en ce sens qu’il faut voir l’invitation du président Junker qui demande à tous les pays européens de se réunir. C'est un problème de géopolitique internationale. " Et pour lui, il faut "faire la part des choses entre les moments où il y a une urgence humanitaire qui est le secours en mer et ne pas encourager le trafic de criminels en Libye".
La directive retour
"Il faut mettre l’accent sur la prévention en amont ", estime encore Fabrice Leggeri. C’est au moment du débarquement en Europe que tout se joue et il est important de prendre des décisions. Il faut que "les Européens puissent, à un niveau politique, décider comment ils veulent traiter cette situation. "
"Il faut envoyer un signal à ceux qui ne sont pas des demandeurs d’asile et qui sont des migrants en situation irrégulière ". Pour Fabrice Leggeri, ce signal passe par "l’application de la directive retour ". Adoptée en 2008, cette loi prévoit le principe du retour de tout clandestin en situation irrégulière vers son pays d’origine, un pays de transit ou un autre pays qu’il a choisi pourvu qu’il y soit admis.
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