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Nobel de la paix : seulement 16 femmes récompensées en plus d'un siècle
Publié le 19/10/2016 10:01
Mis à jour le 19/10/2016 11:49
Temps de lecture : 1min
C'est le 10 décembre prochain à Oslo que sera remis le prix Nobel de la Paix au président colombien, Juan Manuel Santos. Un prix prestigieux qui récompense encore trop peu les femmes, le nombre des lauréates restant largement en deçà de celui des hommes.
Si elles ont créé de nombreuses associations pacifistes et humanitaires entre 1850 et 1900 (le prix Nobel fut créé en 1901), aucune d’entre elle n’avait alors de hautes responsabilités dans les instances du pouvoir.
Les femmes ont payé aussi plus lourdement leur engagement dans leur vie privée. 30% des nobélisées étaient célibataires ou divorcées et un quart d’entre elles n’ont pas eu d’enfant.
Si on peut noter une légère amélioration au XXe siècle dans la parité hommes/femmes, il reste que sur 104 prix Nobel de la Paix décernés, seules 16 femmes (dix avant 2000) l’ont obtenu.
Née en 1843 à Prague, elle a été la première femme à obtenir le prix Nobel de la Paix en 1905. Pacifiste et féministe convaincue, Bertha von Suttner a lutté toute sa vie contre l’armement des grandes puissances, l’antisémitisme et le fanatisme sous toutes ses formes. Son livre «Bas les armes !», best-seller dès sa sortie en 1890, est un véritable réquisitoire contre la guerre. ( Domaine Public)
Sociologue et philosophe américaine, elle s’est engagée dans de nombreuses actions comme l’amélioration des conditions de travail, la santé, la paix et la démocratie. La mixité sociale, le vote des femmes et l’éducation des filles font aussi partie de ses grands combats. Elle a fait don de son prix à la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté. (Ann Ronan Picture Library / Photo12)
Economiste, pacifiste et syndicaliste américaine, elle a été récompensée par un Nobel de la paix en 1946 pour la création de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté. (ACME / AFP)
Toutes deux activistes pacifistes nord-irlandaises, elles sont lauréates du prix Nobel de la Paix en 1976. C’est la première fois que ce prix est décerné à deux femmes en même temps sans qu’un homme y soit associé. En lutte contre la violence et la discorde entre les catholiques et les protestants en Irlande du Nord dans les années 70, elles ont fondé le Mouvement des femmes pour la paix. (N.P.S./SIPA)
Béatifiée le 19 octobre 2003 par le pape Jean-Paul II, elle a été proclamée sainte le 4 septembre 2016 par le pape François. Née Agnes Gonxha Bojaxhiu dans une famille albanaise en 1910, elle est la plus connue des femmes nobélisées. Elle a combattu sa vie entière auprès des pauvres, des malades mentaux, des orphelins et des lépreux en Inde. Pourtant ses positions radicales contre l’avortement et, dans une moindre mesure, la contraception lui ont valu de nombreuses critiques et ont écorné l’image de la bienheureuse Teresa de Calcutta. ( UPI / AFP)
Cette diplomate suédoise fut également écrivain. En 1982, alors âgée de 80 ans, elle a reçu le prix dans le cadre des négociations pour le désarmement au sein des Nations Unies. Elle a créé l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm. (STF / AFP)
Elle a passé plus de 15 ans en résidence surveillée pour son opposition non-violente à la dictature militaire dans son pays. Ayant obtenu le prix Nobel en 1991, elle a attendu plus de vingt ans avant de pouvoir le recevoir en mains propres en 2012. Aujourd’hui Secrétaire générale de la Ligue nationale pour la démocratie, la «Dame de Rangoun» a réussi en août 2016 à convaincre une quinzaine de groupes rebelles de participer à une conférence de paix. Le processus était bloqué depuis 2011. Mais son attitude envers les persécutions des musulmans apatrides, les Rohingyas, est critiquée par la communauté internationale. (REUTERS/Lise Aserud )
Membre du comité d'honneur de la Fondation Chirac, la prix Nobel de la Paix guatémaltèque a été invitée à Paris en 2016 pour fêter les 10 ans du quai Branly, le musée fondé par l’ancien président. Rigoberta Menchú a été nobélisée en 1992 «en reconnaissance de son travail pour la justice sociale et la réconciliation ethnoculturelle basées sur le respect pour les droits des peuples autochtones». Sa biographie «Moi, Rigoberta Menchú», où elle témoigne de la vie des Indiens au Guatemala, avait largement contribué à l’obtention de sa récompense. Mais en 1999, l’anthropologue américain David Stoll accuse Rigoberta Menchú de falsification. Depuis, détracteurs et défenseurs se font la guerre. (N.T.B./SIPA)
Professeure américaine, elle lance en 1992 avec le soutien de six ONG dans plus de 70 pays la Campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel. Cinq ans plus tard, son engagement dans la lutte pour leur éradication et l’arrêt de l’utilisation des armes à sous-munitions est récompensé. (REUTERS)
L’autobiographie «Pour être enfin libre: mon combat pour les droits humains en Iran» de la prix Nobel de la Paix 2003 est sorti en septembre 2016. Shirin Ebadi est la première femme musulmane à avoir reçu cette récompense. Dans les années 70, elle fut également la première femme présidente du Tribunal de grande instance en Iran. Avec la révolution de 1979, elle s’est engagée dans un combat contre le régime qui lui vaudra d’être emprisonnée et menacée de mort. L’arrivée au pouvoir de Mahmoud Ahmadinejad en 2005 aggravera sa situation. Obligée de fuir le pays en 2009, elle s’exilera en Angleterre. ( RICHARDSEN, TOR / SCANPIX / AFP)
Biologiste et professeur d’anatomie, elle est la première Africaine à recevoir le prix Nobel en 2004 pour «sa contribution en faveur du développement durable, de la démocratie et de la paix». Née en 1940 dans une famille de paysans pauvres, elle s’avère très vite douée pour les études et part étudier aux Etats-Unis à la fin des années 1950. Très marquée par les révoltes des Noirs américains contre les discriminations raciales, elle devient à son retour au Kenya en 1966 une militante pacifiste pour la cause des femmes et l’écologie. Elle créée en 1977 le Green Belt Movement (Mouvement de la Ceinture verte), le plus grand projet de reboisement d’Afrique. 40 millions d’arbres sont plantés en trente ans. Je veux «promouvoir le respect des droits de l’Homme, la bonne gouvernance et la démocratie», déclare-t-elle. Elle est plusieurs fois emprisonnée par le gouvernement. De 2002 à 2005, elle tient le poste de secrétaire d’Etat à l’Environnement. Wangari Muta Maathai est morte d’un cancer le 25 septembre 2011 à l’âge de 71 ans. (ERIC FEFERBERG / AFP)
Africaine, chrétienne et avant tout féministe… c’est ainsi que se définit celle que l’on surnomme «La guerrière de la paix». En 2003, Leymah Roberta Gbowee fonde «Women of Liberia Mass Action for Peace», une organisation pacifiste pour mettre fin à la deuxième guerre civile libérienne. Elle organise également une «grève du sexe» demandant aux femmes de toutes confessions de ne pas offrir leur corps aux hommes tant que les combats n’ont pas cessés. Tawakkol Abdel-Salam Karman, première femme arabe et deuxième femme musulmane (après l’Iranienne Shirine Ebadi) à être nobélisée, est engagée dans la défense des droits des femmes, notamment au Yémen. En 2005, elle a fondé le groupe «Femmes journalistes sans chaînes» pour défendre la liberté de pensée et d’expression. Ellen Johnson Sirleaf, élue en 2005 présidente de la République du Liberia, est la première femme à obtenir cette fonction en Afrique. Economiste à la Banque mondiale et la Citibank, elle a également dirigé le Programme des Nations Unies pour le développement africain. En 2016, elle est devenue la présidente de Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest. Toutes les trois ont reçu le Prix Nobel de la paix en 2011 pour leur combat pour la paix et les droits des femmes. (FREDRIK VARFJELL / SCANPIX NORWAY / AFP)
Entre 2007 et 2009 au Pakistan, les talibans détruisent des centaines d’écoles et interdisent aux jeunes filles d’être scolarisées. Malala Yousafzai est alors une jeune fille d’une dizaine d’années. Sur son blog, elle dénonce les exactions des talibans. Mais ses prises de positions manquent de lui coûter la vie quand les talibans essayent de l’assassiner le 9 octobre 2012. Grièvement blessée, elle devient alors une icône de la résistance à l’obscurantisme. Deux ans plus tard, à 17 ans, elle obtient le prix Nobel de la Paix, devenant la plus jeune lauréate de l’histoire de ce prix. Elle déclare alors qu’«un enfant, un enseignant, un livre et un stylo peuvent changer le monde». Toujours menacée de mort, elle quitte le Pakistan avec sa famille pour l’Angleterre. (AFP PHOTO / ODD ANDERSEN)
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