Conflit israélo-palestinien : les équipes de Médecins sans frontières espèrent la mise en place d'un corridor humanitaire mardi à Gaza
"Ce qui se passe est intolérable", a déclaré sur franceinfo Ely Sok.
Les équipes de Médecins sans frontières (MSF) espèrent la mise en place d'un corridor humanitaire mardi 18 mai à Gaza, explique ce lundi sur franceinfo Ely Sok, chef de mission Palestine pour MSF, basé à Jérusalem. Dimanche, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a déclaré que les affrontements au Proche-Orient devaient "cesser immédiatement", lors d’une réunion d'urgence du Conseil de sécurité.
franceinfo : Quelle est votre situation en tant qu'humanitaires depuis la semaine dernière ?
Ely Sok : On attend d'entrer sur Gaza depuis quasiment une semaine. Ce qui est compliqué, ce sont les négociations que sont en train d'entreprendre les Nations unies avec les deux parties. Pour l'instant, ils n'ont pas réussi à trouver un accord pour ouvrir un corridor humanitaire, donc on attend, on espère que ça arrivera demain. On nous rapporte des pluies de bombardements continues depuis une semaine, qu'il est impossible de circuler dans la ville. La situation est assez désastreuse sur tous les points. C'est assez dur pour le staff, moralement. Tout est compliqué, l'accès aux soins, pouvoir démarrer des activités médicales sans prendre de risque pour le staff...
On dénombre lundi 197 morts côté palestiniens, dont au moins 58 enfants, et 10 morts du côté israélien. Comment réagir face à cela ?
Il y a eu beaucoup trop de morts. Tout le monde attend un cessez-le-feu et qu'on puisse apporter notre aide humanitaire à la population. Ce qui se passe est intolérable. On travaille dans deux hôpitaux et on a quatre cliniques un peu partout dans la bande de Gaza. On a complètement arrêté nos activités car notre équipe médicale ne peut plus se déplacer dans la ville à la suite des bombardements. Toutes les routes ont été endommagées, c'est compliqué de se déplacer par véhicule. Là, on essaie de réfléchir à comment on peut redémarrer nos activités sans prendre trop de risques pour nos équipes. Chaque mouvement est toujours une cible et un risque, c'est un jeu d'équilibristes assez compliqué. On pousse pour qu'il y ait un corridor, pour renforcer l'équipe médicale et envoyer des équipements médicaux, parce que là je pense que le système de santé est en train de s'effondrer.
Comment voyez-vous les choses dans la bande de Gaza ?
Les enfants de Gaza vont très mal, tout comme leurs parents. Toute la population gazaouie va très mal. Il y a eu trois guerres avant. Chaque escalade de violence comme ça leur rappelle toute cette période de guerres et renforce un peu plus leur détresse mentale. On est en train de casser toutes les générations futures de Gaza - 60% de la population de Gaza a moins de vingt ans - et en Palestine. La violence est dans tous les territoires occupés - la Cisjordanie, Jérusalem Est et Gaza. Au début du conflit, ça a été compliqué pour notre équipe, avec cette incapacité, cette impuissance à défendre leurs enfants, à les mettre à l'abri, à leur donner un futur. Au fil des jours, il y a cette résilience que l'on reconnaît chez les Gazaouis. Ils disent qu'ils peuvent continuer à travailler, ouvrir les cliniques, soigner leurs proches et leur population.
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