"Enfin une mesure notable" : côté palestinien, la décision de la CPI est vécue comme une reconnaissance
La Cour pénale internationale a émis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, son ancien ministre de la Défense Yoav Gallant et le chef de la branche armée du Hamas Mohammed Deif. Tous sont visés pour des crimes de guerre et crimes contre l'humanité. C'est la première fois que la CPI réclame l'arrestation d'alliés des Occidentaux. Du côté palestinien, cette décision était attendue depuis longtemps.
En Israël, la décision a provoqué un choc. Côté palestinien, elle fait suite à des mois de doutes sur la décision que prendrait finalement la justice internationale, notamment concernant les dirigeants israéliens. Des doutes accentués par la pression américaine, juge un autre habitant. L'élection de Trump, qui a une position très critique des institutions de l'ONU, n'annonçait rien de bon.
Dans l'ensemble, c'est donc le soulagement qui domine et la plupart des gens relèvent surtout un message fort, et une date à retenir. "Enfin un organisme international prend une mesure notable", réagit un habitant de Ramallah. "C'est une avancée claire", estime Hussein, 45 ans. "Nos aspirations et nos attentes sont élevées car nous vivons sous occupation et nous voulons aussi que ces plus de 75 ans d'occupation cessent. C'est un premier pas sur un plus long chemin vers la libération de la Palestine", espère-t-il.
"Même s'ils arrêtent tous les responsables, pour le peuple, ça ne changera rien"
Mais l'optimisme est prudent, car cela n'arrêtera pas la guerre à Gaza : le quotidien de la population civile reste aussi chaotique, entre déplacements forcés, destructions, morts et manque de nourriture ou d'eau. Asma, comme la plupart des Gazaouis, se dit désabusée : "Nétanyahou, Gallant... Même s'ils veulent arrêter tous les responsables, pour moi, pour le peuple, ça ne changera rien. On ne va jamais oublier les douleurs, on ne va jamais oublier les conditions difficiles, on ne va jamais oublier cette catastrophe. On a perdu une année de notre vie et on perd la deuxième année. On a tout perdu. Le peuple a tout perdu", confie-t-elle, en français.
La plupart des habitants déplacés de force estiment surtout que rien ne sera appliqué et que les dirigeants israéliens ne seront pas arrêtés.
"Ce ne sont que des déclarations ! Il n'y aura pas d'applications. Ils n'ont pas pu même pas obtenir un cessez le feu ! Est ce qu'ils peuvent arrêter Nétanyahou ou Gallant? Non, impossible", estime cette homme.
Un habitant de Gazaà franceinfo
Le seul espoir pour les Palestiniens, c'est qu'aux yeux du monde entier, ils soient enfin désignés comme des criminels de guerre par la justice. Mais, ajoutent-ils, il y aura toujours les Etats-Unis pour soutenir Israël.
Quels risques d'arrestation ?
Benyamin Nétanyahou et Yoav Gallant auront du mal à voyager à l'étranger comme ils le faisaient jusqu'alors, car ils pourraient être arrêtés. Les 124 pays signataires du traité de Rome de la Cour pénale internationale sont en effet légalement tenus de les arrêter s'ils se rendent dans ces pays. Reste à savoir si cela est respecté. Par ailleurs, cette obligation ne s'applique pas aux Etats-Unis, qui ne sont pas membres de la CPI.
La Cour a aussi émis un mandat d'arrêt pour Mohamed Deif, le chef du Hamas et cerveau des attaques du 7-Octobre, l'armée israélienne affirme avoir tué en juillet dernier. Même si sa mort n'a pas été confirmée par l'organisation islamiste, il est très peu probable, voire impossible, qu'il puisse sortir de Gaza.
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