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Un rapport dénonce le business florissant dans les colonies israéliennes

«Les entreprises devraient cesser leurs activités dans les colonies israéliennes»… Ce ne sont pas les partisans du boycott d'Israël (campagne BDS) qui signent cette phrase mais la très sérieuse organisation américaine de défense des droits de l’Homme Human Rights Watch. Dans un rapport, l’ONG met en cause l’activité des entreprises des colonies israéliennes dans les territoires occupés.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Cisjordanie: derrière le mur de séparation, la colonie israélienne de Pisgat Zeev. (AHMAD GHARABLI / AFP)

Human Rights Watch (HRW) estime, dans un rapport de 162 pages publié le 19 janvier 2016, que les entreprises installées dans les territoires occupés (Cisjordanie) «contribuent à un système en soi illégal, abusif et caractérisé par des violations des droits des Palestiniens, et en tirent profit.»
 
«Ces entreprises dépendent de la confiscation illégale par l’Etat d’Israël de terres et d’autres ressources appartenant aux Palestiniens, et contribuent à cette pratique tout en en bénéficiant. De même, elles bénéficient de la politique discriminatoire menée par Israël, qui confère des privilèges aux colonies aux dépens des Palestiniens, notamment en termes d’accès à l’eau et à aux terrains, aux subventions du gouvernement et aux permis de développement», écrit le rapport.

Carte de la Cisjordanie et des colonies (HRW)

500.000 colons
Le phénomène de la colonisation, non reconnu internationalement et condamné, notamment, par les conventions de Genève, a commencé après 1967. Le nombre de colons serait de 500.000 répartis dans 237 colonies, en comptant Jérusalem-Est, unilatéralement annexée par Israël. Dans ces colonies, il y a 20 zones industrielles sans compter l’exploitation de terres agricoles.
 
Pour l'ONG, «ces entreprises mènent diverses activités qui soutiennent les colonies. Certaines sont directement impliquées dans la gestion des besoins pratiques des colons et des colonies». Ainsi, Human Rights Watch «a enquêté sur des banques israéliennes qui financent la construction de colonies ; sur un réseau immobilier qui dispose d’une succursale dans les colonies et dont les partenaires franchisés en Israël vendent des propriétés situées dans les territoires occupés ; et enfin une entreprise de traitement des déchets, opérant uniquement en Israël et dans les territoires occupés, qui collecte et traite les déchets de colonies et les enterre dans la Vallée du Jourdain», précise HRW. 

Le rapport montre que les entreprises sont «souvent attirées là par les bas salaires perçus par les travailleurs palestiniens, les loyers peu élevés et les avantages fiscaux. Human Rights Watch a enquêté sur un fabriquant de textiles qui est installé dans une zone industrielle colonisée et qui est le fournisseur d’un grand distributeur américain.»
 
Le rapport montre que les avantages accordés aux colonies ont leur pendant négatif pour les Palestiniens: permis de construire refusés, difficultés de circulation, de construtction, accès à l'eau, aux terres agricoles...
Extrait du rapport de HRW (HRW)

Pas d'appel au boycott
Human Rights Watch ne prend pas position au sujet d’un boycott par les consommateurs visant les entreprises opérant dans les colonies, ni au sujet du mouvement appelant au «boycott, désinvestissement et sanctions» (BDS) visant Israël. Plus précisément, HRW appelle ces entreprises à respecter leurs propres obligations relatives aux droits humains en mettant fin à leurs activités dans les colonies, ou liées à celles-ci. 

Si HWR n'appelle pas au boycott, elle en appelle néanmoins aux nations qui commercent avec ces entreprises, «Les autres pays devraient s’assurer que l’importation sur leur territoire de produits en provenance des colonies soit conforme à leur devoir, en vertu du droit international, de refuser de reconnaître la souveraineté d’Israël sur les territoires occupés, a déclaré Human Rights Watch. Cela implique d’interdire que ces produits soient étiquetés comme fabriqués en Israël, de les exclure des tarifs préférentiels accordés aux produits israéliens, et de refuser de reconnaître toute certification (par exemple comme produit biologique) délivrée par Israël à des produits en provenance des colonies.»

«La seule façon pour le monde des affaires de respecter ses responsabilités en matière de droits de l'Homme est de cesser de travailler avec et dans les colonies», a affirmé Arvind  Ganesan, un responsable de HRW.

La question du boycott ou de la présence d'entreprises dans les colonies fait de plus en plus débat. La Commission européenne avait demandé le 11 novembre 2015 aux 28 Etats membres de mettre en œuvre l’étiquetage spécifique des produits originaires des colonies israéliennes. Une mesure qui avait provoqué de vives réactions en Israël.  

Manifestation en faveur d'un boycott d'Israël à Paris le 10 janvier 2016 (CITIZENSIDE/FRANCOIS PAULETTO / )

Polémique en France
La décision européenne avait notamment été critiquée en Israël comme une sorte d'appui aux campagnes internationales de boycott contre les produits israéliens, campagnes connues sous le nom de BDS (boycott, désinsvestissement et sanctions), alors que l'Europe est opposée à cette position. 

En France, seul pays au monde, la justice a interdit tout appel au boycott des produits israéliens, ce qui n'empêche pas les campagnes de continuer. Cette décision de justice a même suscité la publication d'un nouvel appel au boycott des produits israéliens signé par de nombreuses personnalités, publié par Médiapart.

Le Premier ministre, Manuel Valls, a enfoncé le clou le 18 janvier 2016 en affirmant vouloir réagir contre ce type de campagne: «Je pense que les pouvoirs publics doivent changer d’attitude vis-à-vis de ce type de manifestations» qui participent, selon lui, d’un «climat nauséabond». C'était avant la publication de Human Right Watch.

 

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