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La Hollande, l’autre pays... de la drogue

Les Pays-Bas sont la plaque tournante du trafic de stupéfiants en Europe, affirme le dernier rapport d’Europol intitulé «La menace du crime organisé et de la grande criminalité liée au trafic de drogues». Cannabis, cocaïne ou drogues de synthèses... les Pays-Bas détiennent plusieurs records dans le domaine. Logiquement, Amsterdam est devenue une place privilégiée pour le blanchiment d'argent sale.
Article rédigé par Michel Lachkar
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 3min
Illustration artistique: feuille de Cannabis, Amsterdam (AFP /Richard Nebesky / Robert Harding Heritage / robertharding)


Une tonne de cannabis a été saisie le 16 avril 2017 dans l’est de la France à bord d'un camion immatriculé en Hollande et conduit par un Néerlandais. La Hollande est, selon un rapport rédigé les policiers européens, le « principal hub de distribution en Europe» pour le haschisch et la marijuana. 

Les groupes criminels marocains, présents en Hollande et en Belgique, jouent de longue date un rôle dans l’importation de grandes quantités de résine de cannabis en provenance du Rif marocain. Les ports de Rotterdam et d’Anvers sont des points d’importation et de distribution majeurs pour l’ensemble du marché européen. Avec de nécessaires complicités de haut niveau au départ de la marchandise comme à l'arrivée.

Marché de 24 milliards d'euros
«Le cannabis est la drogue la plus consommée en Europe et nous estimons qu’il représente environ 38% du marché de détail des drogues illicites, pour un montant supérieur à 9,3 milliards d’euros par an (entre 8,4 et 12,9 milliards d’euros)», affirme le rapport d'Europol.

Les réseaux criminels ont profité de la dépénalisation de la consommation dans le pays pour pratiquer la culture du cannabis à grande échelle à des fins d'exportation. «Europol constate une augmentation des mises en culture domestiques au cours des cinq dernières années.»


Trafic de cannabis dans le monde (source Europol) (Source Europol)

Drogues de synthèse
Pour la cocaïne, Rotterdam rivalise avec son homologue belge Anvers pour figurer tout en haut de la liste des destinations prisées par les trafiquants sud-américains. «Les groupes criminels colombiens et italiens continuent de dominer l’approvisionnement en gros de cocaïne en Europe, en coopération avec d’autres groupes (néerlandais, britanniques et espagnols).»
«
L’utilisation de conteneurs maritimes qui transitent par les principaux ports européens est un problème permanent. Un éventail de méthodes de dissimulation en évolution constante est mis en oeuvre, notamment l’incorporation de la cocaïne dans des "matières de support" (le plastique, par exemple) avant son extraction chimique à l’arrivée en Europe.»

La fabrication de drogues synthétiques (ecstasy, MDMA, amphétamines) est aussi une «spécialité batave». Les Pays-Bas s'avèrent être le premier producteur mondial de ces drogues. Ils sont également à la pointe du commerce sur la toile. Le crime organisé néerlandais aurait 10% du commerce mondial des drogues illégales vendues par Internet.

Répartition des laboratoires de production d'amphétamine en Europe (Source Europol )

Argent sale
Amsterdam est aussi montrée du doigt par Interpol pour être une destination privilégiée pour le blanchiment d'argent sale. On le sait, l’argent de la drogue peut également financer des organisations terroristes. «Souvent des jeunes récemment radicalisés ont un passé de petit délinquant, notamment via la consommation ou la vente de drogues, et exploitent de diverses façons leurs connexions avec le milieu criminel pour leurs activités terroristes.» Les activités criminelles (drogue, prostitution...) représentent, suivant les pays, entre 1% et 5% des économies européennes. Elles disposent, en conséquence, de moyens financiers considérables pour corrompre les acteurs du monde économique et politique. Un danger majeur.  

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