Législatives aux Pays-Bas : une montée de l'extrême droite, 26 partis en lice, et un scrutin indécis
Les Néerlandais sont de retour aux urnes. Après 13 ans au pouvoir, la coalition dirigée par Mark Rutte a chuté en juillet 2023 et les électeurs du Pays-Bas choisissent leur nouveau Premier ministre, mercredi 22 novembre. Pour lui succéder, une femme à la tête du parti de centre droit, Dilan Yesilgoz est entrée dans la course pour diriger le pays. Une course serrée et un électorat très volatil : face aux deux grands partis traditionnels, celui de Mark Rutte et l’alliance des verts et des socialistes, un tout nouveau parti centriste a fait la course en tête pendant une bonne partie de la campagne, avant de s’essouffler légèrement. L’extrême droite de Geert Wilders remonte, quant à elle, dans les sondages.
Geert Wilders est l’une des rares figures politiques connues de cette campagne. Il prétend avoir mis sa haine de l’islam en veilleuse pour se concentrer sur des choses plus importantes, selon lui. Les derniers sondages le rapprochent des partis traditionnels comme celui du centre droit, le Parti libéral VVD, désormais aux mains de l’actuelle ministre Dilan Yesilgoz. D’origine turque, elle est arrivée enfant aux Pays-Bas comme réfugiée mais prône une réduction de l’immigration.
Pieter Omtzigt, le troisième homme
La liste commune des socialistes et des écologistes est menée par l’ex-poids lourd de la Commission européenne Frans Timmermans. Longtemps donné en tête, Pieter Omtzigt est le troisième homme de ce scrutin. Une comète politique. Le parlementaire issu des démocrates-chrétiens n’a créé son parti centriste qu’en août dernier : le Nouveau Contrat social (NSC).
Ce polyglotte de 49 ans à l’allure élégante se dit lui-même surpris de son succès. "Vous êtes face à un parti qui comptait cinq adhérents il y a trois semaines et maintenant, on en a 7 000 ! confie-t-il à franceinfo. On a créé ce parti il y a moins de trois mois, alors oui, je suis surpris moi-même que cela aille si vite." S’il a décidé de créer un nouveau parti, c’est pour redonner confiance aux citoyens, selon lui. Il surfe sur la défiance des électeurs face à la politique. "Il y a des scandales qui rendent nécessaire la réforme des institutions néerlandaises et une balance plus équilibrée entre le pouvoir et les contre-pouvoirs", assure-t-il.
La promesse de Pieter Omtzigt de faire de la politique autrement est doublée d’un programme qui pioche un peu à la droite sur l’immigration, mais à la gauche sur son volet social. Caspar Veldkamp, en quatrième position sur sa liste, estime qu’il y a un peu du macronisme de 2017 dans ce nouveau parti où nombre de candidats, comme lui qui est un ancien diplomate, viennent de la société civile. "Dans beaucoup de pays, explique-t-il, on a vu une crise de la démocratie, en Italie, et même en France, où les partis traditionnels ont perdu beaucoup d’électeurs. On voit le même processus aux Pays-Bas. Avant, les électeurs cherchaient leurs solutions très à droite et très à gauche, maintenant, ils cherchent au centre. Et là, on est un nouveau parti de centre-droit pour certaines choses et centre-gauche pour d’autres."
Ce nouveau parti fait donc la course en tête dans les sondages, aux côtés des deux grands partis traditionnels. Pieter Omtzigt devrait récupérer une bonne partie des voix qui ont fait le succès aux dernières élections du Mouvement agriculteur citoyen (le BBB), ce parti opposé à la politique écologique du gouvernement.
Mais avec 26 partis en lice, dont celui des animaux ou des retraités, le paysage politique néerlandais fragmenté ne permettra pas de dégager une majorité. Le prochain gouvernement néerlandais, un acteur toujours influent sur la scène européenne, n’émergera qu’après des négociations de coalition qui pourraient durer des mois.
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