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Les Pays-Bas en panne de croissance

L'économie néerlandaise s'est finalement contractée de 0,4% sur le premier trimestre 2013 par rapport aux trois derniers mois de 2012 et le produit intérieur brut (PIB) a baissé de 1,8% sur un an. Comme quoi, il n'y a pas que l'Europe du Sud qui subit les effets de la crise.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
La croissance est dans le rouge au pays des tulipes. (Chad Ehlers / TIPS / Photononstop)

Ces chiffres définitifs en matière d'évolution de l'activité économique du premier trimestre montrent que les Pays-Bas restent en récession, ce premier trimestre étant le troisième d'affilée pour lequel une contraction du PIB est enregistrée. Une récession est constatée lorsque le PIB se contracte au moins deux trimestres de suite.
    
En première estimation, le PIB avait été donné à -0,1% d'un trimestre sur l'autre et à -1,7% sur un an.

Conséquence de ces chiffres, le chômage est en hausse. Le nombre d'emplois en moins en glissement annuel est de 121.000.

Bon élève de la classe européenne
Ces statistiques montrent que les Pays-Bas, pays classé habituellement dans les bons élèves européens – ceux qui défendaient les mesures d'austérité –, sont aussi touchés par la crise qui touche l'Union, apportant ainsi de l'eau au moulin de ceux qui défendent un dessèrement de la politique de rigueur dans l'UE.

Les chiffres de la croissance hollandaise sont publiés, alors que l'Allemagne a décidé de soutenir sa demande intérieure par une série de mesures. «Le programme (électoral) de Merkel (annoncé dimanche 23 juin) a une touche keynésienne», reconnaît aussi Peter Bofinger, le seul économiste proche de la gauche au sein d'un comité de «cinq sages» qui conseillent le gouvernement allemand.

«L'Allemagne a plus de marges de manoeuvre fiscales pour une politique expansive que les autres pays européens, elle est le candidat naturel pour des initiatives de croissance», juge-t-il. Même s'il les trouve encore trop timides. Selon lui, «la zone euro dans son ensemble a besoin d'un programme keynésien de croissance, car elle souffre d'une récession qui la touche désormais en son coeur: France, Pays -Bas, Finlande...»

Comme dans les autres pays européens, le gouvernement hésite sur l'ampleur des mesures d'austérité. Les Pays-Bas avaient élu un gouvernement d'union nationale en septembre 2012, après l'échec des conservateurs face au début de la récession.

L'austérité repoussée
Au printemps 2013, «le gouvernement a finalement renoncé au plan, annoncé le 1er mars, qui prévoyait des économies de 4,3 milliards d’euros concentrées principalement sur le gel des salaires dans le secteur public, le gel du barème de l’impôt sur le revenu et la stabilisation des dépenses publiques en volume. Cette pause de l’austérité devrait donner un peu de souffle à l’activité économique sans remise en cause de la soutenabilité budgétaire, puisque les meilleures perspectives de croissance permettront de réduire la part conjoncturelle du déficit budgétaire», rappelle Christophe Blot, économiste à l'OFCE.

Pour l'ensemble de 2013, l'UE a prévu une récession de 0,8% pour les Pays-bas, soit un chiffre plus sombre que pour la France (-0,1%). Certains estiment que le royaume orange pourrait perdre son triple A. Un comble pour un bon élève.

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