Pékin exerce une intense pression sur les dissidents chinois à deux jours de la remise du prix Nobel de la Paix
Ni Liu Xiaobo, prix Nobel de la Paix 2010, qui purge une peine de onze ans de prison, ni aucun membre de sa famille ne seront présents vendredi à Oslo pour la remise du prix.
Sur les 65 pays invités car représentés par une ambassade à Oslo, 44 ont répondu présent. La Russie sera, avec la Chine, le principal pays absent.
La Chine a jugé "obscène" la décision du comité Nobel et mené une intense campagne diplomatique pour qu'un maximum de nations boycotent la cérémonie. Depuis plusieurs jours, même les familles de dissidents inconnus ne peuvent plus quitter la Chine. Amnesty International évalue à plus de 200 le nombre de Chinois empêchés d'aller à l'étranger ou placés en détention à l'approche de la cérémonie.
Dans la région de Mongolie intérieure, la femme de Hada, prisonnier politique parmi les plus anciens et les moins connus, a été incarcérée alors que son mari doit être libéré vendredi, jour de la remise du prix Nobel à Liu Xiaobo. La police a fait pression sur leur fils pour qu'il coupe les liens avec ses parents, lui promettant "un bon travail, une
belle maison, et même une jolie copine s'il accepte", rapporte le Centre d'information sur les droits de l'homme de Mongolie méridionale, basé à New York.
La semaine dernière, un artiste chinois de renom a été empêché de se rendre en Corée du Sud. Ai Weiwei devait embarquer à bord d'un avion à destination de Séoul quand la police lui a présenté un document selon lequel il ne pouvait quitter la Chine
car il mettait en danger la sécurité nationale.
Un précédent nazi
Il faut remonter à 1935, lorsque le régime nazi avait refusé que le pacifiste Carl von Ossietzky vienne recevoir son prix, pour retrouver trace d'un lauréat du prix Nobel de la paix dans l'incapacité de se rendre à Oslo.
Pour les autorités communistes chinoises, les membres du comité Nobel ont commis un affront en distinguant Liu, dissident emprisonné pour avoir participé à la rédaction de la Charte 08, un manifeste appelant à la démocratisation de son pays. "Le gouvernement semble vraiment convaincu que ce prix Nobel de la paix est un complot international contre la Chine", dit un diplomate basé en Chine.
La Chine se sent blessée et incomprise et voit dans cette récompense une négation de ses réformes pour davantage de démocratie, explique Victor Gao, directeur de l'Association
nationale chinoise pour les études internationales. "La Chine se considère plutôt comme une force majeure pour la paix dans le monde", dit-il.
Les défenseurs des droits de l'homme estiment quant à eux que la paranoïa de Pékin montre que l'aspiration démocratique du peuple chinois va croissant.
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