Portrait | Rémi Ochlik, jeune photoreporter, fauché par une roquette à Homs
C'est une carrière très précoce qui s'est arrêtée net ce matin, dans le fracas des tirs d'obus et de roquettes. Rémi Ochlik, 28 ans seulement, originaire de Thionville en Moselle, avait décidé de venir braquer son objectif sur la folie syrienne, à Homs, cette ville particulièrement meurtrie depuis le début de la révolution. Il venait de poser ses boîtiers et objectifs dans la ville. Il était arrivé sur place hier soir.
Ses appareils, il les avait auparavant traînés en Libye, en Tunisie, en Egypte, mais aussi au Congo, ou en Haïti. C'est d'ailleurs là qu'il se fait connaître. Il a 20 ans, est encore étudiant. Premier reportage. Premier prix. Le Prix François Chalais qui récompense les meilleurs jeunes journalistes. On le dit "enfant prodige ", "talent à suivre ".
"C'était tout sauf une tête brûlée"
Il se lance alors à corps perdu dans le métier. Et crée dès l'année suivante, en 2005, sa propre agence de photojournalisme IP3 Press avec deux confrères Christophe Bertolin et Grégory Boissy. Dans son portfolio : la guerre, la révolte, mais aussi la politique. Il avait couvert, le 7 février dernier, le meeting de Jean-Luc Mélenchon à Lille. Pourtant, c'est la violence que l'on retient de ces images choisies. Même si "c'était tout sauf une tête brûlée ", précise son ami Alfred de Montesquiou, grand reporter à Paris Match.
Une impression confirmée par Caroline Mangès, rédactrice en chef du magazine.
Un travail léché récemment couronné par des récompenses prestigieuses : un prix au World Press Photo en mars dernier pour son reportage "Battle for Libya ", et le Grand Prix Jean-Louis Calderon, cette année, au Festival Scoop. Ce matin, en home du site du Festival, toujours le visage de Gilles Jacquier, lui aussi primé en 2009, et tué le 11 janvier dernier dans la même ville de Homs.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.