Reportage Guerre au Proche-Orient : en Israël, l'hôpital de Haïfa transforme son parking souterrain en jardin d'enfants, à l'abri des roquettes

La troisième ville du pays est régulièrement visée par des roquettes du Hezbollah. Pour permettre aux soignants de continuer à travailler, l'hôpital a eu cette idée un peu particulière.
Article rédigé par Jérôme Jadot, Eric Audra
Radio France
Publié
Temps de lecture : 4min
Des enfants jouent dans le parking souterrain réaménagé de l'hôpital Rambam d'Haïfa, en Israël. (ERIC AUDRA / RADIO FRANCE)

Trois semaines après l’intensification des combats contre le Hezbollah, la société israélienne tente de s’adapter à la guerre et aux roquettes toujours envoyées en nombre sur le nord du pays. À Haïfa, troisième ville la plus peuplée et régulièrement ciblée, l’hôpital a mis en place un dispositif singulier pour permettre aux soignants de continuer à travailler : un parking souterrain a été transformé en jardin d’enfants, à l’abri des missiles.

C’est au deuxième niveau du parking sous-terrain que le jardin d’enfants a été installé, non loin du service gériatrie déplacé ici à l’abri des roquettes. Dans les vastes allées, un groupe de fillettes gambade, l’école de Sophie est fermée à cause de la guerre. "Moi, je préfère venir ici que d’aller à l’école ! On se sent plus protégés, lance-t-elle. On est au moins deux, on n’entend pas les sirènes d’alerte extérieures. J'aime bien être ici."

"Il y a la place pour courir"

Sur les places de parking, des palissades en papier ont été montées pour fermer des espaces, l’un d’entre eux est réservé aux bébés. Shayli en sort avec sa fille dans la poussette. "Moi ça me sauve !", estime-t-elle. Sans ce mode de garde, Shayli ne pourrait plus venir travailler dans son service de radiologie, la crèche de sa fille est partiellement fermée. "Dans sa crèche habituelle, il y a un abri, mais les puéricultrices doivent y aller avec cinq enfants dans les bras, avec des bébés qui rampent encore, décrit-elle. Tout ça en une minute, ce n’est pas facile. Moi, ça me rassure que ma fille soit là."

Des enfants jouent dans le parking souterrain réaménagé de l'hôpital Rambam d'Haïfa, en Israël. (ERIC AUDRA / RADIO FRANCE)

Restée en blouse verte, Assia se dit aussi tranquillisée de savoir ses quatre enfants bien à l’abri, même si un jardin d’enfants dans un parking, ce n’est pas idyllique. "C’est triste et j’aurais préféré qu’ils soient dehors, déplore-t-elle. Mais même s’ils étaient à la maison, ils ne pourraient pas sortir. Et au moins, ici ils font des activités, ils voient leurs copains et puis il y a la place pour courir !"

Un scénario "préparé depuis la guerre de 2006"

Jeux de ballon, jeux de société, dessins animés, la glissade sur tapis remporte aussi un franc succès. "C’est un peu chaotique comme vous le voyez." Noam, animatrice, insiste sur la nécessité d’accompagner les enfants, notamment quand ils entendent les alertes aux roquettes sur les téléphones portables. "Dès que ça sonne, ils paniquent, ils appellent leurs parents, leur demandent s’ils sont à l’abri", raconte-t-elle. Ils sont stressés, mais je pense aussi que ça les fait grandir, ils font attention les uns aux autres, ils s’entraident."

Meirav Ganot, chargée du bien être au travail à l'hôpital Rambam de Haïfa, en Israël, entourée d'enfants du personnel. (ERIC AUDRA / RADIO FRANCE)

Cela fait trois semaines que cette immense garderie de plus de 500 places a été installée, une première, mais pas improvisée, rappelle Meirav Ganot, en charge du bien-être au travail au sein de l’hôpital. "On se prépare à ce genre de scénario depuis la guerre de 2006, rappelle-t-elle. Il y avait eu beaucoup de missiles sur Haïfa. Et dans le quartier de l’hôpital, beaucoup d’habitations avaient été touchées. Désormais en cas d’urgence, des centaines d’employés savent qu’ils sont affectés au montage de cet espace."

Un espace indispensable, ajoute Meirav Ganot. L’hôpital de Haïfa accueille les blessés, civils et militaires, de la guerre en cours contre le Hezbollah.

En Israël, un parking souterrain transformé en jardin d'enfants : reportage de Jérôme Jadot et Eric Audra

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