Reportage "La peur, c'est qu'il y ait des combattants armés" : ces Libanais chrétiens craignent des tensions avec les populations déplacées

Alors qu'environ 600 000 personnes auraient été déplacées à l'intérieur du Liban, dont plus de la moitié sont des enfants, la crainte de tensions communautaires reste palpable. La générosité est mise à rude épreuve.
Article rédigé par franceinfo
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Cette photo prise depuis la ville de Tyr, dans le sud du Liban, montre de la fumée s'élevant du site d'une frappe aérienne israélienne qui a ciblé le village de Bazurieyeh, dans le sud du Liban, le 10 octobre 2024 (KAWNAT HAJU / AFP)

Des bombardements israéliens ont visé jeudi 10 octobre des cibles du Hezbollah, pendant que les combats se poursuivent dans le sud du Liban. Les États-Unis ont mis en garde contre toute offensive dans ce pays qui "ressemblerait" à celle qui a dévasté la bande de Gaza. Plus de deux semaines après l’intensification des frappes israéliennes sur le Liban, franceinfo s'est rendu à Jbeel, un village chrétien accroché au Mont Liban. Sans parler encore de tensions communautaires, la solidarité avec les chiites ne va toutefois pas toujours de soi.

Près de 12 000 familles chiites du sud du pays se sont réfugiées ici, à 60 km de Beyrouth. Déjà lors de la guerre de 2006, les habitants avaient accueilli des déplacés. Ce général à la retraite a ouvert sa maison gracieusement à deux familles, soit sept personnes au total dont trois femmes, trois fillettes et un homme, chassés par les bombardements. Ils dorment désormais au 2ᵉ étage. "C'est une satisfaction pour moi. J'aime aider les gens qui sont dans ce cas", témoigne le propriétaire. Mais craint-il d'être ainsi de devenir une cible pour l'armée israélienne ? "Non, du tout. Je n'ai pas peur".

"Ne mettre en danger personne"

Si cet accueil est une évidence pour lui, d’autres habitants sont moins généreux. Certains louent leur maison et n’hésitent pas à faire monter les prix, d’autres encore refusent tout net de faire le moindre geste. Comme cet habitant que l’on appelle au téléphone et qui possède pourtant un grand appartement dans le village.

"Je ne fais pas confiance au Hezbollah. Si je le loue, il se peut qu'un des leurs s'y installe. L'immeuble risquerait d'être ciblé. Je ne veux mettre en danger personne, ni faire exploser mon immeuble."

Un propriétaire à Jbeel

à franceinfo

Il faut dire que dans les premiers jours de la guerre, quand des milliers de déplacés sont remontés du sud vers le nord, certains appartenaient clairement au Hezbollah, comme l'assure un responsable politique local. "Au début, il aurait pu y avoir des tensions, car il y avait des combattants armés pour organiser l'arrivée des familles. Mais ils sont repartis au bout de deux jours. La peur, c'est qu'il y ait des combattants armés qui se glissent parmi les déplacés. Après, les gens ont pris conscience de la crise humanitaire, et maintenant ils les acceptent." Le village de Jbeel n’a jusqu’à présent jamais été ciblé par l'armée israélienne.

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