Témoignages "Le 7-Octobre a été un bouleversement" : deux étudiants juifs racontent leur engagement militant depuis le début du conflit

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un jeune homme lors de la ceremonie d'hommage aux victimes francaises du 7-Octobre en Israël, à Paris en février 2024 (Photo d'illustration). (JULIEN MATTIA / LE PICTORIUM / MAXPPP)
Leurs points de vue sur le conflit divergent mais Alan et Lola, deux étudiants juifs de 22 ans, ont ressenti le même besoin de s'engager au lendemain du 7-Octobre.

Un après l'attaque du Hamas contre Israël du 7 octobre 2023,  plusieurs associations en lien avec le Proche-Orient ont constaté que leur nombre d'adhérents a nettement augmenté. Parmi eux, Alan et Lola, deux étudiants juifs de 22 ans et militants dans des organisations différentes. Ils ont tous les deux ressenti le besoin de s'engager au lendemain du 7-Octobre même si leurs points de vue sur le conflit divergent.  

"Le 7-Octobre a été un bouleversement", affirme Alan, qui raconte avoir grandi "en toute tranquillité" en Seine-Saint-Denis sans jamais subir d'antisémitisme. "J'ai découvert l'antisémitisme à partir du 7-Octobre au moment où des amis à moi ont été ouvertement menacés de mort et de viol", explique-t-il. "Ils ont été traités de sales juifs ou de collabos alors qu'ils n'ont rien à voir avec ce qu'il se passe au Proche-Orient", regrette le jeune homme qui a rejoint cette année l'Union des étudiants juifs de France (UEJF). Il a même créé la section des écoles d'arts.  

Prises de conscience  

"Beaucoup de choses" ont aussi "changé" depuis le 7-Octobre pour Lola, étudiante en sciences sociales, antisioniste et opposée à la colonisation israélienne. "Dans ma famille, qui est sioniste de gauche, on a toujours critiqué la politique israélienne récente et le colonialisme dit illégal. Pourtant, on n'a pas de mal à aller là-bas en vacances sur une terre qui est tout autant colonisée", pointe-t-elle. Après avoir "remis en cause l'angle mort du discours" de sa famille, elle a rejoint en cours d'année le collectif juif décolonial Tsedek. "Il y a vraiment une incohérence du fait que moi, en tant que juive, je puisse aller en Israël, avoir la nationalité et plus de droits que les Palestiniens qui sont nés là-bas", regrette-t-elle.  

"Rejoindre un collectif nous a permis de créér un espace où on peut discuter, souffler et être nous." 

Alan, membre de l'Union des étudiants juifs de France

à franceinfo

Alan et Lola on trouvé chacun de leur côté un collectif qui leur ressemble et ils ne sont pas les seuls. Le collectif Tsedek est passé de 40 militants à 200 en un an. L'Union des étudiants juifs de France, a de son côté créé dix nouvelles sections en Ile-de-France mais aussi à Montpellier, Tours, Strasbourg ou encore Rouen. 

Deux blocs qui s'affrontent

Lola a pu "reconnecter' avec sa "judéité" en trouvant dans le collectif Tsedekest des personnes "en lutte en alliance avec les personnes palestiniennes". "J'ai pu voir que c'était possible de lutter contre le sionisme mais aussi contre l'antisémitisme sans alimenter l'amalgame entre l'antisionisme et l'antisémitisme", affirme-t-elle.  

Alan constate en revanche que le dialogue est difficile entre "deux blocs qui s'affrontent" avec des positions qui se sont polarisées depuis un an. "Les deux côtés, nous et les Juifs antisionistes, ont du mal à s'écouter honnêtement", affirme-t-il. Un an après le 7-Octobre, il espère "qu'on va très vite trouver une paix qui permettra la libération des otages et que les morts cessent". En attendant, Alan comme Lola vont poursuivre avec énergie leur engagement dans leurs associations. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.