Aide humanitaire à Gaza, otages libérés : "Le voyage de Joe Biden commence à donner des premiers résultats", juge un expert des relations internationales

"On peut dire que c'est le voyage de Joe Biden qui commence à donner des premiers résultats", commente samedi 21 octobre sur franceinfo le spécialiste des relations internationales Dominique Moïsi, quelques heures après la libération de deux otages américaines détenues par le Hamas et alors que des premiers camions remplis d'aide humanitaire ont pu entrer dans la bande de Gaza. "C'est une manière pour le Hamas de dire à Israël 'la balle est dans votre camp'", explique le conseiller spécial de l'Institut Montaigne, qui souligne aussi le rôle important du Qatar dans les négociations.

franceinfo : Après la libération de deux otages américaines et l'entrée dans la bande de Gaza de premiers camions d'aide humanitaire, peut-on dire que la diplomatie donne de premiers résultats ?

Dominique Moïsi : On peut dire que c’est le voyage de Joe Biden qui commence à donner des premiers résultats. Le président américain a exercé beaucoup de pression. Ces résultats ne se seraient pas produits sans son voyage en Israël cette semaine.

Est-ce qu'on peut imaginer une forme d'accord entre Israël et le Hamas : libérer des otages contre l'entrée d'aide humanitaire ?

Oui, le Hamas est en train de dire aux Israéliens : si vous voulez sauver vos otages, il faudra que l’aide humanitaire entre à Gaza. C’est une manière pour eux de dire : la balle est dans votre camp. Les tractations sont intenses entre les différentes parties prenantes. Les Palestiniens du Hamas dissuadent aussi Israël d’entamer son opération terrestre dans la bande Gaza. Ils disent : vous pouvez encore sauver vos otages mais il est évident que si vous entriez dans Gaza avec toutes vos forces, je ne peux rien vous garantir.

Le Qatar et l'Égypte sont-ils aussi au centre du jeu ?

Le Qatar a joué un rôle dans les négociations. Il a toujours gardé un lien avec le Hamas. On lui reprochait d'ailleurs ce lien mais le Qatar disait qu'il fallait bien que quelqu’un continue à maintenir le contact. L'Égypte est aussi au centre du jeu mais au Sommet pour la paix qui se tient au Caire samedi, il n'y aura ni les États-Unis, ni Israël, ni l'Iran. Ils vont plutôt commenter l’actualtié que faire directement avancer les choses. C’est une manière pour les Égyptiens de dire qu'ils sont au centre du jeu. Mais ce sera un sommet pour pas grand chose, on va progresser à la marge mais sur le fond il ne se passera rien en Égypte ce samedi.