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"C'est une communication aux ennemis d'Israël" : il y a 50 ans, l'attentat aux JO de Munich déclenchait l'opération "Colère de Dieu"

Il y a 50 ans jour pour jour, le 5 septembre 1972, les Jeux olympiques de Munich étaient endeuillés par la mort de onze athlètes israéliens, pris en otages par des terroristes. En représailles, le Mossad a déclenché l'opération "Colère de Dieu" pour traquer et assassiner le commando palestinien impliqué : "Septembre Noir".

Article rédigé par franceinfo - Frédéric Métézeau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le mémorial qui commémore l'attentat de 1972 aux JO de Munich, installé dans le parc olympique de Munich le 17 août 2022. (INA FASSBENDER / AFP)

Le 5 septembre 1972, soit 50 ans jour pour jour, les Israéliens sont suspendus à leur unique chaîne de télévision en noir et blanc ou à leur poste de radio. Ces JO de Munich, appelés aussi "Jeux de la Joie", étaient censés faire oublier ceux organisés par le régime nazi à Berlin, en 1936 ; mais onze athlètes israéliens sont pris en otage en pleine nuit par un commando palestinien, " Septembre Noir", puis seront tous abattus.

>> Munich 1972 : 50 ans après, le souvenir "des images qu'on ne peut pas oublier"

Israël a vécu ce massacre en direct, en espérant un dénouement heureux : Charles Enderlin, futur correspondant de France 2, 26 ans à l'époque, se souvient de ces heures en dents de scie. "J'étais journaliste à la radio israélienne. Tout se termine bien, les otages ont été conduits sur l'aéroport, ils vont être libérés, raconte-t-il. A tout hasard, je regarde le fil de l'AFP et je vois une dépêche qui indique qu'au contraire les choses ne se passent pas bien du tout !"

Charles Enderlin prévient alors ses collègues qui n'étaient pas au courant : "Je leur dis que d'après l'AFP, ça se passe mal. Les collègues regardaient rarement les dépêches en français. Et puis, dans la nuit, la nouvelle de l'AFP a été confirmée : les otages sont morts. On apprendra par la suite comment ça s'est passé."

Une douzaine de Palestiniens assassinés

La première ministre israélienne Golda Meir décide de riposter. De 1972 à 1992, en Europe, en Tunisie et au Liban, une douzaine de Palestiniens sont assassinés – le nombre définitif n'est pas certain : l'opération "Colère de Dieu" est lancée. Le Mossad se venge et envoie un message, estime le diplomate israélien Ygal Palmor : "C'est une communication aux ennemis d'Israël et ils devraient y réfléchir à deux fois, à trois fois."

"Le Mossad pourrait, s'il le voulait, atteindre n'importe quel responsable, dans n'importe quelle organisation palestinienne, à n'importe quel endroit au monde. Ce serait coup pour coup et les coups qu'il porterait seraient bien plus forts et bien plus douloureux."

Ygal Palmor, diplomate israélien

à franceinfo

Selon Charles Enderlin, cette doctrine est toujours en vigueur aujourd'hui : "Un Palestinien armé, qui commet un attentat contre des civils ou une attaque contre des militaires israéliens, sera retrouvé capturé et s'il résiste, il peut être abattu. C'est ce qui se passe maintenant."

Mais l'opération "Colère de Dieu" a connu une terrible bavure : l'assassinat d'un serveur de restaurant marocain en Norvège alors qu'il n'avait rien à voir avec les terroristes. Mais Golda Meir avait fixé la ligne : "Je préfère les condamnations aux condoléances".

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