Conflit Israël-Hamas : l'Unicef décrit une situation humanitaire "dramatique" à Gaza, "les enfants manquent de tout"

Des convois humanitaires ont commencé à entrer dans la bande de Gaza depuis samedi. "C'est néanmoins beaucoup trop peu", estime lundi le directeur de la communication de l'Unicef pour la Palestine.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des enfants palestiniens reçoivent de la nourriture dans une école gérée par l'ONU à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 23 octobre 2023. (MOHAMMED ABED / AFP)

Invité lundi 23 octobre sur franceinfo, le directeur de la communication de l'Unicef pour la Palestine, Jonathan Crickx, a qualifié de "dramatique" la situation humanitaire à Gaza. "Les enfants manquent de tout", s'est-il notamment inquiété. Il a alerté sur le manque d'essence qui pourrait très bientôt affecter les services de néonatologie palestiniens. Autre alerte, cette fois sur l'eau potable qui manque dans la zone : "Certaines personnes boivent de l'eau non potable" ce qui peut provoquer "des diarrhées chroniques notamment chez les enfants".

franceinfo : Est-ce que les enfants sont les premières victimes de cette situation humanitaire catastrophique ?

Jonathan Crickx : On a des chiffres effrayants : plus de 1 800 enfants palestiniens morts depuis le 8 octobre, d'après les rapports que nous avons reçus. Ce qui est évidemment énorme. C'est pour cela qu'il faut absolument appeler à un cessez-le-feu. On dit souvent que les enfants sont les premières victimes des guerres mais c'est terriblement vrai ces deux dernières semaines. Nous avons des sources diverses pour obtenir ces chiffres : nos partenaires sur le terrain, notre staff également sur le terrain et le ministère de la Santé qui transmet des informations. La situation est très volatile et on insiste donc sur le fait que ce sont des chiffres qui nous sont rapportés. Les processus de vérification prennent du temps. En période de conflit nous ne pouvons pas vérifier tous les chiffres mais nous vérifions avec l'ensemble de nos partenaires. Par ailleurs, on sait aussi qu'il y a des enfants israéliens qui sont détenus en otage dans la bande de Gaza.

L'Unicef alerte aussi sur le manque critique de carburant qui met en péril le fonctionnement des couveuses de plus de 120 nouveau-nés prématurés, est-ce que la situation peut encore se détériorer dans les prochains jours ?

Dans les hôpitaux de la bande de Gaza - en dehors de ce conflit - il y a souvent des coupures de courant. Chaque hôpital est donc équipé d'un générateur électrique qui fonctionne au fioul, à l'essence. Les informations qui nous reviennent c'est qu'il y a de l'essence en suffisance pour alimenter les sept unités de néonatologie, qui s'occupent de ces enfants, pour une durée de deux à trois jours. Il y a donc un appel urgent, pressant, pour que le fioul puisse aussi être transporté. Pour l'instant, d'après les informations, l'Unicef - et ses partenaires des Nations unies - ont fourni de la nourriture, de l'eau, des médicaments et des kits d'hygiène mais pour l'instant je n'ai pas d'information qui indique que du fioul ou de l'essence est passé.

"Concernant la question de l'eau potable, il y en a trop peu"

Jonathan Crickx, directeur de la communication de l'Unicef pour la Palestine

à franceinfo

Les chiffres que nous avons montrent qu'en moyenne, par personne, il y a trois litres d'eau disponible pour cuisiner, boire et se laver. C'est trop peu. On a des rapports qui indiquent que certaines personnes boivent de l'eau non potable, ce qui est une source d'inquiétude parce qu'il y a des risques d'avoir des diarrhées chroniques notamment chez les enfants. Au niveau mondial, la diarrhée chronique représente la première source de mortalité des enfants de moins de cinq ans. Ce n'est donc pas anodin.

Vous appelez donc à un cessez-le-feu en urgence ?

Il y a plusieurs convois humanitaires qui sont passés samedi 21, dimanche 22 et lundi 23 octobre dans la bande de Gaza, transportant de l'eau, de la nourriture et des médicaments pour plusieurs dizaines de milliers de personnes mais c'est néanmoins beaucoup trop peu. La situation est dramatique sur le terrain. Les enfants manquent de tout. L'idéal, c'est un cessez-le-feu humanitaire mais entre-temps ce qu'il faut absolument avoir, c'est un passage sûr et constant pour beaucoup plus d'aide humanitaire pour répondre aux besoins.

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