Conflit israélo-palestinien : Joe Biden "a des propos qui ne sont pas à la hauteur de l'enjeu", juge une spécialiste du Moyen-Orient
Le président américain espérait se tenir à distance du conflit. Il a prudemment réitéré son soutien à Israël mais a tout de même dépêché un envoyé sur place, "preuve que les Américains prennent l'ampleur de la situation", selon Agnès Levallois, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique.
Agnès Levallois, maître de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, vice-présidente de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (Iremmo), a estimé dimanche 16 mai que Joe Biden "a des propos qui ne sont pas à la hauteur de l'enjeu" que représente le conflit israélo-palestinien. Le président américain a réagi avec prudence alors que l’armée israélienne a détruit un bâtiment abritant les locaux d’Al Jazeera et de l’Associated Press (AP), et le Hamas a continué samedi d’envoyer des roquettes sur Israël.
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franceinfo : Les bombardements de l’immeuble qui abrite l'agence de presse américaine AP et la chaîne qatarie Al-Jazeera peuvent-ils changer la perception du conflit à l’étranger ?
Agnès Levallois : C'est vrai que cette attaque a vraiment choqué, a marqué les esprits. Il y a eu une dénonciation de la part de nombreux médias. Les deux premiers médias concernés, mais aussi les médias au niveau international. Donc, effectivement, c’est un évènement qui va jouer un rôle important mais autant, pas plus, que les drames que vivent aujourd'hui les différentes populations qui sont concernées par la violence, qui agitent aujourd'hui aussi bien Gaza, la Cisjordanie que les territoires israéliens.
Joe Biden a demandé la protection des journalistes, mais réaffirme son soutien à Israël. Pourquoi le président américain est-il si prudent ?
On voit bien qu'on est quand même dans une situation extrêmement difficile où on a d'un côté le Premier ministre israélien qui joue sa survie politique et est prêt à aller jusqu'au bout et à se montrer comme le seul homme politique israélien capable d'assurer la sécurité de ses concitoyens. Et de l'autre côté, on a une Autorité palestinienne qui n'a plus du tout les moyens d'avoir une quelconque autorité, justement, sur les Palestiniens. Ce qui fait le jeu du Hamas qui, de la bande de Gaza, envoie les roquettes. Face à cette situation, on a un président américain qui n'avait pas tellement envie de se lancer, de s'investir dans cette question israélo-palestinienne dès la prise de fonction. Il est donc rattrapé par les évènements et a des propos qui ne sont pas à la hauteur de l'enjeu, à savoir la violence qui se déchaîne aujourd'hui entre les deux territoires.
L’ONU a-t-elle encore un rôle à jouer ?
Le rôle du Conseil de sécurité est quand même extrêmement limité, surtout sur un sujet comme le conflit israélo-palestinien où dès qu'il y a une résolution qui est présentée, suivant par qui elle est présentée, elle a le veto des Américains ou alors elle a le véto des autres parties. C'est très important évidemment que le Conseil de sécurité se réunisse parce que c'est son rôle. Mais on voit bien que l'Impact est quand même extrêmement limité. Ce qu'il faudrait aujourd'hui, c'est que Joe Biden, vraiment, décide de mettre tout son poids dans la balance. Il a envoyé un envoyé spécial sur place, qui n'est pas un niveau très élevé, mais qui est quand même la preuve que les Américains prennent l'ampleur de la situation et se doivent d'aller sur place. Mais on voit bien que la raison pour laquelle on assiste à cette flambée de violence est telle qu'il ne s'agit pas simplement d'envoyer quelqu'un sur place, mais d'essayer de convaincre les deux parties et en premier, la partie israélienne, de convaincre le Premier ministre israélien d'arrêter de vouloir aller jusqu'au bout pour tout détruire à Gaza et qu’on exerce les pressions nécessaires sur le Hamas pour qu'il arrête de tirer des roquettes sur Israël.
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