Affrontements quotidiens entre Israéliens et Palestiniens : le silence de Joe Biden
La tension reste très élevée en Israël et dans les territoires palestiniens. Après les affrontements à Jérusalem, les tirs de roquettes se poursuivent entre Gaza et Israël avec 36 morts côté palestinien et 2 côté israélien. Et le sujet semble embarrasser les Etats-Unis.
À Washington pour l’instant, c’est service minimum. Joe Biden n’a rien dit. Et son chef de la diplomatie, Antony Blinken, s’est contenté le 10 avril au soir de façon très convenue, d’appeler "toutes les parties à la désescalade afin de réduire les tensions". Son homologue de la Défense, John Kirby, est allé un peu plus loin en affichant son soutien à Israël après les tirs de roquette du Hamas depuis la bande de Gaza. Mais c’est du classique, compte tenu des accords qui lient Israël aux Etats-Unis.
Washington semble surtout désireux d’éviter un embrasement général. Raison pour laquelle Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité de Joe Biden, est discrètement intervenu auprès du pouvoir israélien pour faire limiter les défilés de jeunes militants juifs dans la Vieille Ville. Et Antony Blinken s’est entretenu avec son homologue jordanien, une façon de s’assurer que les pays arabes voisins ne vont pas jeter de l’huile sur le feu. En fait cette poussée de fièvre embarrasse les Etats-Unis qui souhaitent une seule chose : que cela redescende comme c’est monté.
Priorité au nucléaire iranien
Si Washington se tient pour l'instant en retrait, c'est d’abord parce que la diplomatie américaine regarde ailleurs. Elle a d’autres priorités en ce moment. Dans la région, le grand sujet, c’est la négociation avec les Iraniens, de façon indirecte, à Vienne en Autriche, par le truchement des Européens et avec l’espoir d’un retour dans l’accord sur le nucléaire. Ce sont des négociations difficiles mais cruciales pour tous les équilibres au Proche-Orient et au Moyen-Orient.
Et sinon Washington est surtout désireux de se désengager de la région, on le voit avec la confirmation du retrait militaire d’Afghanistan. Objectif : redéployer la diplomatie sur la zone Asie-Pacifique pour mieux contrer la montée en puissance de la Chine. Enfin le regard du président américain reste orienté d’abord vers les questions intérieures : la lutte contre la pandémie, la relance économique, la conversion écologique. Donc pour Joe Biden, cette poussée de tension entre Israéliens et Palestiniens tombe mal : il a d’autres chats à fouetter.
Les accords d'Oslo, 28 ans déjà
Pourtant, seuls les Etats-Unis conservent la capacité de faire avancer ce dossier israélo-palestinien. On l’avait vu, même si cela date désormais de près de 30 ans, avec les accords d’Oslo en 1993. Washington a des moyens de pression suffisants, directs ou indirects, pour contraindre Israéliens et Palestiniens à revenir à une table de négociation. Et on sait que Joe Biden, contrairement à Donald Trump, est favorable à la vieille solution des deux Etats : un israélien, un palestinien. C’est donc d’abord une question de volonté politique.
Il y a également une question de timing : en ce moment, les pouvoirs israélien comme palestinien sont affaiblis : pas de gouvernement, pas de majorité stable, pas de budget en Israël ; des élections à nouveau reportées et un pouvoir usé en Cisjordanie. Problème : c’est précisément ça aussi qui rend la situation inflammable, avec à Jérusalem des manifestants souvent très jeunes et difficiles à contrôler, d’un côté comme de l’autre.
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