Des Palestiniens de Jérusalem-Est menacés d'expulsion protestent devant le tribunal : "Notre maison, c'est notre dignité"
Des manifestations de soutien aux familles menacées d'expulsion à Sheikh Jarrah avaient dégénéré en affrontement avec la police israélienne. D'autres quartiers subissent le même sort. À Silwan, près de la vieille ville, des familles palestiniennes sont elles aussi menacées d'expulsion.
Ils sont plus d'une centaine devant l'entrée du tribunal de Jérusalem (Israël), mercredi 25 mai. Des habitants, des amis, des ONG locales, venus soutenir les familles de Silwan, à Jérusalem-Est, pour une protestation pacifique. Dans le quartier de Batn Al-Hawa, 200 habitants ont déjà été expulsés et 86 familles, soit 700 autres personnes, pourraient subir le même sort. "Aujourd'hui, il y a l'audience pour l'appel qui a été fait pour cette famille de Batn Al-Hawa, explique Ines Abdelrazek, une activiste palestinienne. Ils sont assez pessimistes parce que les cours de justice n'ont cessé, avec les autres familles, de refuser, soit les appels, soit de confirmer la propriété des organisations des colons sur le terrain. Cependant, c'est une bataille légale. C'est aussi une bataille qui leur fait gagner du temps."
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Plus les familles forment des recours pour retarder la procédure, plus longtemps elles gardent leur maison. Ateret Cohanim, un groupe de colons, poursuit en justice des centaines de familles palestiniennes de Batn Al-Hawa. L'organisation revendique la propriété de leurs terrains. "On assiste là à un vrai nettoyage ethnique pour remplacer les Palestiniens, basé sur une loi qui parle de droit de propriété, qui dit que ces maisons appartenaient à des familles juives il y a déjà plus de 100 ans, s'insurge Daoud Ghoul, un autre activiste palestinien. C'est une manifestation pacifique et les policiers nous attaquent devant le tribunal !"
"La justice de ce pays n'est faite que pour les colons"
Les familles et les manifestants sont repoussées violemment sur les côtés du bâtiment. "Avec notre âme, avec notre sang, nous nous sacrifierons pour Silwan", crient-ils une fois bloqués derrière des barrières. "C'est un viol !", lance Naim. Ce père de famille a déjà reçu plusieurs lettres d'expulsions comme ses voisins de Bat Al-Hawa. "J'ai l'impression d'être violé", affirme-t-il.
"Je n'arrive pas à supporter cette idée, à imaginer qu'on va rentrer chez moi, que je vais perdre ma maison. On a tous ce sentiment ici !"
Naim, habitant de Bat Al-Hawaà franceinfo
"Là, le tribunal examine nos dossiers mais à quoi bon ?", déplore Naim qui ne croit "pas du tout en cette justice. La justice de ce pays n'est faite que pour les colons. On sait déjà ce qui va se passer."
L'audience en appel n'aura rien donné, le tribunal reporte sa décision. Les manifestants et les familles quittent les lieux. Avant de partir, quelqu'un accroche un panneau sur les grilles du tribunal sur lequel on peut lire : "Nous acceptons la mort, pas l'humiliation. À Silwan, notre maison, c'est notre dignité, nous n'abandonnerons pas."
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