François Hollande appose-t-il vraiment sa marque au Proche-Orient ?
A l'occasion de son premier voyage en Israël et dans les territoires palestiniens, les 17 et 18 novembre, le président français s'y est positionné en médiateur.
François Hollande est-il plus à l'aise sur l'échiquier de la politique internationale que dans le bourbier social dans lequel se débat la France ? Après l'épisode malien et en attendant d'amorcer une intervention en Centrafrique, le président continue de tracer les contours de la stratégie française hors des frontières. Au Proche-Orient, cette fois.
A l'occasion de son premier voyage en Israël ainsi que dans les territoires palestiniens, dimanche 17 et lundi 18 novembre, le président a profité d'un effet d'aubaine pour se positionner en médiateur, en lieu et place des Etats-Unis.
Car Israël est en froid avec son allié historique depuis début novembre. L'Etat hébreu a peu apprécié les remarques acerbes de John Kerry, le chef de la diplomatie américaine, après l'annonce de nouvelles constructions israéliennes à Jérusalem-Est et la position américaine sur l'accord en cours de négociation avec Téhéran.
Un positionnement fort de la France…
Sur l'Iran. Dans ce contexte, le positionnement ferme de la France vis-à-vis de l'Iran a enchanté les dirigeants israéliens. Pour son premier voyage officiel au Proche-Orient, Israël a donc déroulé le "tapis rouge" à François Hollande.
L'occasion pour le chef de l'Etat français de réitérer, lundi, la position française. "Nous voulons un accord, mais cet accord ne sera possible que si l'Iran renonce définitivement à l'arme nucléaire, a déclaré François Hollande.Tant que nous n'aurons pas la certitude que l'Iran a renoncé à l'arme nucléaire, nous maintiendrons toutes nos exigences et les sanctions."
Sur le conflit israélo-palestinien. Mais le président français s'est également exprimé sur le processus de paix israélo-palestinien, en veillant toutefois à ne pas froisser ses "amis" israéliens. S'il a plaidé pour un "arrêt total et définitif de la colonisation" et défendu la solution de deux Etats partageant "Jérusalem pour capitale", Hollande a assuré que "la France a toujours été du côté d'Israël, dès le premier jour".
Pour le politologue Bertrand Badie, spécialiste des relations internationales à Sciences Po Paris et enseignant-chercheur associé au Centre d'études et de recherches internationales, ce positionnement français traduit, entre autres, une stratégie "idéologique". Elle consiste à "privilégier une alliance atlantiste et proche d’Israël, comme du temps du parti socialiste SFIO dans les années 50". Soit avant la parenthèse dite "gaullo-mitterrandienne", au cours de laquelle "la France s'est vu jouer un rôle de passerelle entre l’Occident et les pays du sud."
… mais une marge de manœuvre relative
La France serait-elle en passe de devenir un nouvel allié stratégique d'Israël et un médiateur clé dans la région ? Rien n'est moins sûr : l'entente cordiale entre Paris et Tel-Aviv pourrait faire long feu si les pays du groupe P5+1 (les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne) se mettent d'accord pour accepter un processus intérimaire de dénucléarisation de l'Iran, avec un allégement des sanctions.
Pour Tsilla Hershco, spécialiste des relations franco-israéliennes à l'université de Bar-Ilan, près de Tel-Aviv, Israël aurait tort de croire que la France représente ses intérêts dans les discussions avec l'Iran. Elle rappelle que "Netanyahu a davantage d'exigences que la France sur l'Iran. C'est un jeu d'intérêts. Parfois, ils correspondent, et parfois non". Un point de vue défendu par le directeur de l'Institut de relations stratégiques et internationales, Pascal Boniface, qui indique, sur le site du Nouvel Obs, que la position de la France sur l'Iran n'a pas pour objectif de "complaire à Israël".
Un haut diplomate israélien confiait au Monde : "Nous faisons un arrêt sur image à l'occasion de la visite de monsieur Hollande." Rien de plus. La France est donc un allié de circonstance : pour Tzipi Livni, chargée des négociations avec les Palestiniens, l'allié stratégique reste les Etats-Unis. C'est en effet grâce à eux qu'Israël peut "bénéficier d'une stratégie militaire".
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