Guerre à Gaza : ce qu'il faut savoir sur la grève générale décrétée en Israël pour demander la libération des otages

Au lendemain d'importantes manifestations dans le pays, de nombreux secteurs étaient à l'arrêt, lundi. Un tribunal israélien a toutefois ordonné l'arrêt du mouvement dès le début d'après-midi.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des manifestants défilent à Tel-Aviv (Israël), le 2 septembre 2024, dans le cadre d'une journée de grève générale pour réclamer un accord de libération des otages retenus à Gaza. (MOSTAFA ALKHAROUF / ANADOLU / AFP)

Un mouvement de grève a débuté en Israël, lundi 2 septembre, en vue d'accroître la pression sur le gouvernement pour obtenir la libération des otages retenus à Gaza. Cette action syndicale, jugée illégale par un tribunal israélien en début d'après-midi, intervient au lendemain de manifestations qui ont réuni des dizaines de milliers d'Israéliens dans plusieurs villes, après que six otages ont été retrouvés morts dans la bande de Gaza. Franceinfo fait le point sur cette grève générale.

Un coup de pression sur le gouvernement

La principale centrale syndicale israélienne, la Histadrout, a appelé, dimanche, à "une grève générale" pour contraindre le gouvernement à conclure un accord avec le Hamas"Nous devons faire cesser cet abandon des otages", a justifié le chef de l'organisation, Arnon Bar-David. "Toute l'économie israélienne sera en grève générale" lundi et "l'aéroport sera fermé, les décollages et les atterrissages cesseront", selon la Histadrout. Le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, a également appelé à la "grève générale".

Le mouvement est soutenu par le Forum des familles des otages, qui a appelé à de nouvelles manifestations dès 7 heures. "La nation entière se tiendra aux côtés des familles des otages pour protester contre l'abandon persistant des otages de la part du gouvernement", a expliqué le collectif, dimanche, sur X, appelant "les dirigeants du monde à exercer toute la pression possible sur le Hamas pour qu'il signe l'accord". Dimanche soir, le mouvement avait revendiqué un demi-million de manifestants dans le pays au cours de la journée, dont plus de 300 000 à Tel-Aviv.

Une grève inégalement suivie

Plusieurs grandes villes, comme Tel-Aviv et Haïfa, ont suivi le mot d'ordre de grève et annoncé la fermeture des services municipaux. Plusieurs banques et de nombreuses universités étaient à l'arrêt, lundi, selon le journal israélien Haaretz. Des perturbations ont aussi été enregistrées à l'aéroport Ben Gourion de Tel-Aviv, où les départs ont repris partiellement dans la matinée après deux heures d'interruption totale. L'appel syndical a été soutenu par l'Israël Business Forum, qui regroupe les salariés de 200 des plus grandes entreprises du pays, rapporte The Times of Israel.

Mais le mouvement était inégalement suivi, lundi, plusieurs municipalités, notamment celle de Jérusalem, n'ayant pas répondu au mot d'ordre. Dans les localités participant au mouvement, les transports publics, gérés par des entreprises privées, fonctionnaient au moins partiellement. Dans les services gouvernementaux aussi, le débrayage était inégalement suivi. "Il n'y a pas d'accueil du public aujourd'hui, mais nous travaillons dans les bureaux", a indiqué un employé de la Sécurité sociale israélienne à l'AFP, sous couvert d'anonymat.

La justice ordonne la fin du mouvement

En début d'après-midi, la justice israélienne a ordonné la fin immédiate de la grève, qui "doit cesser aujourd'hui à 14h30" (13h30 heure de Paris). Un tribunal du travail a estimé qu'il "était clair qu'il s'agissait d'une grève politique", précisant qu'il n'avait trouvé "aucun argument économique" dans les explications de la puissante centrale syndicale Histadrout. Sur demande du ministre des Finances Bezalel Smotrich, le tribunal avait été saisi par le procureur général israélien, qui avait lui-même argué que la motivation du mouvement était d'ordre politique et ne concernait pas un conflit collectif de travail. Le ministre d'extrême droite a aussi, pour sa part, ordonné au département des salaires du Trésor de ne pas payer les grévistes, rapporte Haaretz.

L'exécutif reste inflexible

Depuis dimanche, le gouvernement israélien ne montre aucun signe de changement de cap et continue de rejeter la responsabilité sur le Hamas. "Celui qui tue des otages ne veut pas d'un accord", a réagi le Premier ministre, Benyamin Nétanyahou, dimanche, dans une allocution enregistrée diffusée sur X. "Nous vous poursuivrons, nous vous attraperons et nous réglerons votre compte", a-t-il lancé à l'intention du mouvement islamiste palestinien et des meurtriers des otages.

Le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, figure de l'extrême droite radicale, a revendiqué, lundi, d'utiliser son poids au sein du gouvernement "pour empêcher un accord irresponsable et pour arrêter toute négociation". A l'inverse, l'un des principaux opposants à Benyamin Nétanyahou, son ancien partenaire de coalition Benny Gantz, a dénoncé l'action du Premier ministre et appelé les Israéliens à "manifester", dimanche, dans un message posté sur X. La pression a redoublé, lundi, avec une prise de position du président américain, Joe Biden, qui a estimé que le dirigeant israélien n'en faisait pas assez pour parvenir à un accord avec le Hamas.

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