Guerre entre Israël et le Hamas : attaques de drones, porte-conteneurs déroutés… Quelle est la situation en mer Rouge ?
Les attaques se multiplient en mer Rouge. La dernière en date concerne le destroyer britannique HMS Diamond, qui a abattu un "drone d'attaque présumé qui visait la marine marchande en mer Rouge" dans la nuit de vendredi à samedi 16 décembre, a annoncé Londres.
Une preuve de plus que la situation se tend depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, le 7 octobre. En cause, les rebelles yéménites houthis, proches du Hamas et de l'Iran, qui ont promis de viser les navires ayant des liens avec Israël. Franceinfo fait le point sur la situation dans cette zone, stratégique pour le commerce mondial.
Des attaques de missiles et de drones revendiquées par les houtis
Ces dernières semaines, plus d'une dizaine de missiles et drones ont visé des vaisseaux navigants dans la mer Rouge. Les attaques ont été revendiquées par les houtis, qui ont déclaré cibler les navires circulant au large des côtes du Yémen et ayant des liens avec Israël.
Ce mouvement politico-militaire, qui contrôle une grande partie du pays, appartient, comme le Hamas palestinien et le Hezbollah libanais, à un autoproclamé "axe de la résistance" contre Israël, soutenu par l'Iran.
Les houthis ont ainsi mené vendredi "une opération militaire contre deux porte-conteneurs, MSC Alanya et MSC Palatium III, qui se dirigeaient vers l'entité israélienne", a affirmé leur porte-parole militaire, Yehya Sari. Les attaques n'ont pas fait de victimes.
Jeudi, les rebelles avaient revendiqué une "opération militaire contre un porte-conteneurs, le Maersk Gibraltar", qui faisait route vers Israël, sans faire de dégât. Mercredi, ce sont les Etats-Unis qui ont annoncé avoir abattu un missile qui visait l'un de leurs navires militaires, rapporte Sky News. Lundi, un tir de missile avait touché un pétrolier norvégien, sans faire de victime. Samedi 9 décembre, c'est une frégate française avait été la cible d'une attaque, déjouée, menée par deux drones.
Des armateurs suspendent la traversée de la zone
Face à l'augmentation des attaques, plusieurs armateurs ont décidé de suspendre les traversées dans la mer Rouge. C'est le cas de l'armateur français CMA CGM, qui a pris samedi cette décision, valable "jusqu'à nouvel ordre". La veille, c'est le géant danois du transport maritime Maersk qui a ordonné à ses navires de ne plus emprunter le détroit stratégique de Bab el-Mandab. Le groupe allemand Hapag-Lloyd a, lui aussi, expliqué vendredi qu'il suspendait au moins jusqu'à lundi les traversées de ses porte-conteneurs sur la mer Rouge. Dernier en date, l'armateur italo-suisse Mediterranean Shipping Company (MSC) a annoncé samedi que ses navires n'emprunteraient plus le canal de Suez "jusqu'à ce que le passage de la mer Rouge soit sûr", après une attaque visant un de ses navires vendredi.
Ces annonces font craindre des impacts négatifs sur le commerce international. Cette "autoroute de la mer" reliant la Méditerranée à l'Océan Indien, sur laquelle circulent chaque année quelque 20 000 navires, est une zone géopolitique et commerciale majeure. Près de 40% du commerce international transite par le détroit de Bab el-Mandeb séparant la péninsule arabique de l'Afrique, selon des chiffres du ministère de la Défense. "Le risque d'une entrave majeure au commerce demeure important", écrivait le 7 décembre la chercheuse Noam Raydan, du Washington Institute, dans une note sur le sujet.
La situation inquiète la communauté internationale
L'augmentation des attaques inquiète la communauté internationale. Les rebelles yéménites houtis "représentent une menace concrète pour une libre navigation" en mer Rouge, a déclaré vendredi à Tel-Aviv le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan. "Non seulement ces attaques mettent en danger la sécurité d'Israël, mais elles menacent également le transport maritime international", soulignait quelques heures plus tard la ministre des Affaires étrangères allemande Annalena Baerbock.
Emmanuel Macron, après le Conseil européen qui s'est tenu vendredi à Bruxelles, a défendu la nécessité de mettre en place une "coordination européenne pour lutter contre ces actions terroristes en mer", rapporte Le Parisien. La situation a incité le Royaume-Uni à envoyer, fin novembre, le navire de guerre HMS Diamond dans le Golfe pour répondre aux "préoccupations croissantes" sur la sécurité des routes commerciales maritimes dans la zone.
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