Guerre entre Israël et le Hamas : l'ONU s'alarme d'une famine "presque inévitable" à Gaza et "imminente" dans le Nord

Aucun convoi n'a pu se rendre dans le nord de Gaza depuis le 23 janvier, selon les Nations unies, qui dénoncent les entraves des autorités israéliennes.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des Palestiniens se rassemblent pour collecter de l'aide alimentaire à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 26 février 2024. (AFP)

"Si rien ne change, une famine est imminente dans le nord de Gaza." Carl Skau, directeur exécutif adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), a dressé un constat alarmant, mardi 27 février, devant le Conseil de sécurité de l'ONU. La situation est critique dans ce secteur de la bande de Gaza, assiégé par Israël, sans accès humanitaire et avec un système agricole dévasté. Aucun convoi n'a pu se rendre dans cette zone depuis le 23 janvier, selon l'ONU, qui dénonce les entraves des autorités israéliennes.

"Si rien n'est fait, nous craignons qu'une famine généralisée à Gaza soit presque inévitable", a insisté Ramesh Rajasingham, au nom du chef du bureau humanitaire de l'ONU (Ocha) Martin Griffiths. "Nous sommes fin février et il y a au moins 576 000 personnes à Gaza, soit un quart de la population, qui sont à un pas de la famine", et pratiquement la totalité des 2,2 millions d'habitants qui "dépendent d'une aide humanitaire terriblement inadéquate pour survivre", a-t-il ajouté.

"Aussi sinistre que soit le tableau aujourd'hui, il peut encore se détériorer."

Ramesh Rajasingham, membre du bureau humanitaire de l'ONU

au Conseil de sécurité de l'ONU, le 27 février

Le 22 février, une note du chef du bureau humanitaire de l'ONU avait détaillé les impacts sur la sécurité alimentaire de l'offensive israélienne. Dans ce texte, vu par l'AFP mardi, il appelle le Conseil de sécurité à agir pour "assurer le respect du droit humanitaire, y compris l'interdiction d'utiliser le fait d'affamer la population civile comme méthode de guerre".

Près de 1 000 camions bloqués en Egypte

"Selon le scénario le plus probable, la production agricole se sera écroulée dans le nord d'ici mai", a souligné, mardi devant le Conseil de sécurité, Maurizio Martina, directeur général adjoint de l'ONU pour l'alimentation et l'agriculture (FAO). Au 15 février, 46,2% des terres agricoles avaient été endommagées dans la bande de Gaza, des bâtiments agricoles "dévastés", plus d'un quart des puits détruits, quelque 70% des vaches et 50% des petits ruminants tués, a-t-il noté. Et 97% des eaux souterraines ne sont plus utilisables pour la consommation humaine.

L'aide humanitaire continue d'entrer dans le territoire palestinien, mais au compte-gouttes. Lundi, le patron de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), Philippe Lazzarini, a ainsi noté sur le réseau social X que février avait vu une baisse de 50% de l'aide entrant à Gaza par rapport à janvier. Pourtant, "près de 1 000 camions chargés de 15 000 tonnes de nourriture sont en Egypte, prêts à bouger", a noté mardi le porte-parole de l'ONU Stéphane Dujarric.

Israël rejette la faute sur l'ONU

Accusé par l'ONU d'entraver les convois d'aide, Israël assure que ce n'est pas lui "qui bloque ces camions", selon l'ambassadeur israélien adjoint Jonathan Miller. Il rejette la "faute" sur l'ONU et son incapacité à organiser cette aide "efficacement""Il n'y a absolument aucune limite (...) au volume d'aide humanitaire qui peut être apportée à la population civile de Gaza", a-t-il assuré. Israël a, depuis début 2024, refusé 16% des demandes d'acheminement d'aide en raison de "risques" que certaines marchandises "finissent entre les mains" du Hamas, a-t-il affirmé. 

Depuis le début de l'offensive israélienne, près de 30 000 personnes sont mortes à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas. Côté israélien, l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre a entraîné la mort d'au moins 1 160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Le secrétaire général et les agences humanitaires de l'ONU réclament depuis le début de la guerre un cessez-le-feu immédiat, notamment pour permettre l'acheminement adéquat de l'aide humanitaire.

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