Guerre entre Israël et le Hamas : la barrière de sécurité "n'était pas faite pour résister à une guerre" dénoncent des Israéliens
Elle était réputée insubmersible. Le 7 octobre, elle a été traversée en 29 points. La grande barrière de 65 kilomètres entre Gaza et Israël a coûté plus d’un milliard d’euros, elle a été présentée comme l’outil qui protégerait les Israéliens du Hamas. Un péché d’orgueil qui a abouti à un manque de vigilance fatal pour les Kibboutz et les villes autour de Gaza.
Rafi Babian habite dans l'un des 22 villages attaqués le 7 octobre dernier. Le matin de l’offensive du Hamas, il prend la route pour essayer d’évacuer des civils de la zone des combats, et notamment des centaines de fêtards de la rave party, bloqués dans leurs voitures : "Je me suis trouvé face à face avec des terroristes qui étaient assis sur un véhicule. Ils nous ont tirés dessus. J’ai réussi à faire demi-tour et à emmener avec moi tous ceux qui roulaient derrière moi", se remémore le jeune homme.
Une barrière inadaptée à ce type d'attaques
Rafi Babian est responsable de la sécurité du Kibboutz d’Aloumim, à trois kilomètres de la barrière. Il coordonne également les groupes d’autodéfense de 16 localités aux alentours : "Nous n'étions pas prêts, ça a été une grande surprise. Au quotidien, la barrière fonctionnait très bien depuis qu'elle a été mise en place. Personne n'avait réussi à la traverser. Mais elle n'était pas faite pour une attaque sur plusieurs points simultanément."
"La barrière n'était pas faite pour résister à une guerre avec des charges explosives, des bulldozers sur plusieurs points simultanément et pratiquement aucun soldat de l'autre côté"
Rafi Babianà franceinfo
La barrière a été inaugurée il y a un an et demi, en décembre 2021. Elle a alors été présentée comme un bijou de technologie avec des capteurs de mouvements, des armes automatiques et des caméras pour détecter des intrusions, après trois ans et demi de travaux, un milliard d’investissement... pour être finalement trouée en 29 points le 7 octobre dernier.
"Une compréhension parfaite des faiblesses du système adverse"
L’historien israélien Simon Epstein ne mâche pas ces mots : pour lui, c’est un fiasco. "C'est un effondrement ridicule parce qu'elle était considérée comme un système parfait, dont les Israéliens se vantaient en disant 'Nous avons trouvé le moyen d'avoir un système quasi-automatique qui permet d'économiser des soldats', parce que vous n'avez pas besoin de mettre beaucoup de soldats. Là, il y a eu du point de vue du Hamas, une compréhension parfaite des faiblesses du système adverse."
L’armée et les services de renseignements reconnaissent leurs torts. Il faudra en revanche attendre la fin de la guerre pour que l’enquête commence.
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