: Témoignages "Je suis constamment sur le qui-vive, je n'arrive plus à dormir" : trois semaines après l'attaque du Hamas, les traumatismes des rescapés israéliens
Dans une grande salle de réception au nord de Tel Aviv, entre 300 et 400 jeunes sont accueillis chaque jours. Ce sont des survivants du festival Tribe of Nova, trois semaines après l'attaque du Hamas qui a causé la mort d'au moins 260 civils, principalement des jeunes venus profiter de la fête.
Les rescapés développent aujourd'hui des syndromes post-traumatiques : insomnies, dépressions, ultra-vigilance. Pour leur venir en aide, des thérapeutes bénévoles ont fondé le "Merav Marpé" (lieu de soin, en hébreu).
Une lumière douce descend du haut plafond, à droite des tables de massage, à gauche sur une estrade des coussins et de la musique. Ici, chacun vient faire juste ce qu'il veut, explique Ela, l'une des bénévoles : "L'idée de ce lieu c'est que ce sont eux qui doivent choisir, on ne les oblige à rien. Ils peuvent juste être là, présents, ou profiter d'un massage, ou rencontrer un psychologue. Ici c'est un lieu où ils peuvent venir, et être eux-mêmes".
Des jeunes présents tous les jours depuis trois semaines
En échappant, souvent, aux parents angoissés. Kfir, lui, est installé à une table, il discute. Cela fait dix jours que ce jeune homme de 23 ans passe ses journées ici. Il peine encore à raconter comment il a échappé aux terroristes : "On a couru et on a été sauvés par des civils qui nous ont secourus après qu’on a parcouru plus de 15 kilomètres. Depuis j’ai commencé a ressentir une peur profonde, je suis constamment sur le qui-vive, c’est aussi pour ça que je n’arrive pas à dormir, c’est difficile de décompresser. Ici, les gens me font du bien".
"Ils m’ont tiré dessus et j’ai couru comme je n’avais jamais couru de ma vie"
Kfirà franceinfo
Shiatsu, relaxation, ou simples "câlins" avec d'autres survivants, ici tout est mis en place pour éviter l'isolement et la dépression.
Un endroit rare pour prendre en charge la santé mentale
Guila, l'une des fondatrices du Merav Marpé : "On a un garçon qui a fêté son anniversaire. Ils sont partis en groupe de trente, ils sont rentrés à deux. Les 28 autres sont morts. Le deuxième survivant s'est suicidé vendredi. L'autre m'a dit 'j'ai fait la marche de la mort avec lui, il a décidé de me laisser tout seul, alors pourquoi je suis en vie ?'," confie la bénévole.
Ce jeune homme n'a pas d'autre endroit où venir raconter sa peine. Contrairement aux rescapés des kibboutz, relogés ensemble, les festivaliers ont été éparpillés. Et le gouvernement n'a mis en place que peu de structures. "Quand on est en état de choc, on peut aller à la salle des urgences mais ce n'est pas toujours l'endroit approprié pour la santé mentale. On est un pays où neuf millions de gens vont avoir besoin de support. Le modèle de communauté serait le seul qui va pouvoir nous aider à continuer." Un lieu d'accueil similaire pourrait bientôt voir le jour à Eilat, au bord de la mer Rouge.
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