Guerre entre Israël et le Hamas : qu'attendre de la visite d'Emmanuel Macron dans l'Etat hébreu ?
Emmanuel Macron a préféré prendre son temps, arguant que son déplacement en Israël se devait d'être "utile". L'Elysée a finalement annoncé, dimanche 22 octobre, que le chef de l'Etat y effectuera une visite mardi et mercredi, quelques jours après le président américain Joe Biden et la Première ministre italienne Giorgia Meloni. Les seules responsables politiques françaises à s'y être rendues jusqu'à présent sont Catherine Colonna, la ministre des Affaires étrangères, et Yaël Braun-Pivet, la présidente de l'Assemblée nationale, accompagnée de plusieurs députés.
Emmanuel Macron est attendu à Tel-Aviv, où il rencontrera le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. "Le seul moyen d'être utile, c'est : d'apporter de la solidarité à Israël ; prendre des engagements très clairs contre les groupes terroristes ; rouvrir une perspective politique", a précisé la présidence française, lundi 23 octobre. Voici les principaux objectifs de ce déplacement.
Un possible poids pour la libération des otages
Parmi les sept Français toujours portés disparus, plus de deux semaines après les attaques du 7 octobre, seule une jeune femme, Mia Schem, est, de façon certaine, retenue par le Hamas dans la bande de Gaza. "Pour les six autres, il y a une présomption de prise en otage, mais sans certitude", a déclaré vendredi Emmanuel Macron. En se rendant en Israël, pourra-t-il peser dans les discussions pour leur libération ? "Sur le dossier des otages, la France peut en effet activer ses bonnes relations avec le Qatar, qui joue les médiateurs avec le Hamas et a obtenu la libération des deux premiers otages, deux Américaines", a analysé le journaliste Pierre Haski sur France Inter, lundi.
"Il faut avoir la capacité de parler à toutes les parties prenantes et il y a peu de leaders occidentaux qui ont cette capacité, si ce n'est Emmanuel Macron", a estimé pour sa part le député Renaissance Mathieu Lefèvre, lundi sur RTL, soulignant lui aussi le rôle du Qatar dans la libération des deux Américaines par le Hamas, vendredi. Un succès intervenu deux jours après la visite de Joe Biden en Israël, durant laquelle il a aussi obtenu l'autorisation pour l'aide humanitaire d'entrer à Gaza depuis l'Egypte.
Le bilan provisoire fait état de 30 ressortissants français tués dans les attaques terroristes perpétrées par le Hamas le 7 octobre. La visite d'Emmanuel Macron devrait également être pour lui l'occasion d'apporter son soutien aux familles des victimes. "J'espère que le président de la République pourra afficher sa solidarité vis-à-vis des familles françaises", a ainsi déclaré la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, interrogée lundi sur France Inter. "Je suis sûre que le président de la République a une action résolue pour obtenir la libération [des] otages".
Une expression de soutien à Israël
A Tel-Aviv, Emmanuel Macron doit rencontrer le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou. Sur France 2, lundi, le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, a fait part du soutien de la France à la réponse militaire d'Israël aux attaques du 7 octobre, "qui est justifiée, parce qu'ils ont des otages, parce qu'ils ont été attaqués, parce qu'il faut en terminer avec le Hamas".
"L'ennemi d'Israël est l'ennemi de la France", a poursuivi Olivier Véran, dressant un parallèle entre le Hamas et d'autres organisations terroristes comme le groupe Etat islamique ou Boko Haram. "Cet ennemi radicalisé islamiste, qui peut frapper n'importe où dans le monde, il se trouve qu'il a frappé un pays ami, Israël." Le porte-parole du gouvernement a aussi rappelé le souhait de la France que "les civils palestiniens, qui sont eux-mêmes les victimes du Hamas, ne soient pas les victimes aussi, avec des pertes civiles importantes", des opérations militaires israéliennes à Gaza.
Avant que son déplacement soit confirmé, Emmanuel Macron avait fait savoir, vendredi, qu'une visite devrait servir à aborder la "sécurité d'Israël" et la "lutte contre les groupes terroristes", à éviter une escalade du conflit et à œuvrer pour la reprise d'un "processus politique" vers une solution à deux Etats, israélien et palestinien.
Un effort diplomatique pour "éviter l'escalade"
Ce déplacement en Israël sera-t-il l'occasion d'une tournée du président français au Proche-Orient, avec des escales au Liban ou en Egypte, historiquement des interlocuteurs clés de Paris dans la région ? Sur France 2, lundi, Olivier Véran n'a pas souhaité répondre au sujet d'éventuelles rencontres avec d'autres chefs d'Etat ou de gouvernement. "Le président de la République se rend en Israël après s'être entretenu tout le week-end, et encore cette nuit d'ailleurs, avec nombre de chefs d'Etat, Américains, Européens, dans la partie du Proche-Orient et du Moyen-Orient, pour examiner les conditions de sa venue et faire en sorte que ce déplacement soit utile", a-t-il assuré.
"La voix diplomatique française porte dans cette région, notamment auprès du Liban, mais aussi auprès de l'Egypte, de manière à éviter l'escalade", a poursuivi le porte-parole du gouvernement, avant d'ajouter qu'il revenait à Emmanuel Macron lui-même de communiquer sur d'éventuelles discussions avec ses homologues dans la région.
L'effort diplomatique français s'inscrit toutefois dans une stratégie qui dépasse le rôle de Paris sur la scène internationale. Dans un communiqué commun, dimanche soir, les dirigeants français, américain, britannique, canadien, allemand et italien promettent une coordination diplomatique étroite pour "empêcher que le conflit s'étende, préserver la stabilité au Moyen-Orient et œuvrer en faveur d'une solution politique et d'une paix durable."
Un plaidoyer pour l'aide humanitaire à Gaza
La coordination de ces six États occidentaux vise également à "assurer un accès durable et sûr à la nourriture, à l'eau, aux soins médicaux et à toute autre aide nécessaire pour répondre aux besoins humanitaires" des habitants de Gaza, selon le communiqué publié dimanche. Olivier Véran a précisé que les entretiens auquel participera Emmanuel Macron en Israël seront "fondamentaux (...) aussi pour le peuple palestinien, de manière à maintenir et amplifier, lorsque c'est nécessaire, les corridors humanitaires pour venir en aide aux civils".
La France va envoyer "une aide humanitaire d'urgence" dans "les plus brefs délais", notamment "en médicaments", en direction de l'Egypte et à destination de Gaza, a fait savoir vendredi Emmanuel Macron. Paris veut "pouvoir accompagner les efforts qui sont faits par l'Egypte, soutenus par les Etats-Unis, grâce à l'ouverture de Rafah", le poste frontière à partir duquel les Gazaouis ont vu entrer sur le territoire les premiers convois d'aide humanitaire, samedi et dimanche. "Nous avons décidé d'augmenter de 10 millions d'euros l'aide humanitaire que nous apportons aux Palestiniens", avait encore déclaré Emmanuel Macron.
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