Guerre entre Israël et le Hamas : trois mois après le déclenchement du conflit, quelle est la situation des otages dans la bande de Gaza ?

Alors que le conflit entre dimanche dans son quatrième mois, 136 Israéliens sont toujours détenus dans la bande de Gaza, selon l'armée.
Article rédigé par franceinfo
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Les familles des otages toujours retenus à Gaza se sont de nouveau rassemblées à Tel-Aviv (Israël), le 6 janvier 2024. (MOSTAFA ALKHAROUF / ANADOLU / AFP)

Samedi 7 octobre 2023 - dimanche 7 janvier 2024. La guerre entre Israël et le Hamas est entrée, dimanche, dans son quatrième mois. Dans une allocution samedi soir, le Premier ministre israélien a juré de poursuivre les affrontements jusqu'à la "victoire complète". Benyamin Nétanyahou a répété ses trois objectifs : "éliminer le Hamas", "faire en sorte que Gaza ne soit plus une menace pour Israël" et "récupérer les otages". 

Mais plus le temps passe, plus les proches des personnes encore en captivité semblent perdre espoir de les retrouver. Franceinfo fait le point.

Combien de personnes sont toujours retenues en otage ? 

Le Hamas a enlevé quelque 250 personnes lors de son attaque sur le sol israélien le 7 octobre. Trois mois après, le chiffre des otages restant dans la bande de Gaza varie en fonction des sources. Le porte-parole de l'armée israélienne estime que "136 Israéliens sont toujours détenus dans la bande de Gaza". Parmi eux figurent trois civils "qui avaient initialement été portés disparus, mais qui se sont ensuite révélés parmi les otages détenus à Gaza", a précisé Daniel Hagari lors d'une conférence de presse vendredi.

Certains médias israéliens évoquent, eux, 123 otages, voire 129. Haaretz, qui tient son propre décompte, avance le chiffre de 131 personnes "officiellement confirmées comme otages, toujours détenues par le Hamas". Mais preuve du flou qui entoure ce chiffre, le journal israélien a mis en place une adresse e-mail pour que ses lecteurs puissent apporter d'éventuelles corrections ou précisions. 

Peu d'informations filtrent en effet sur l'état de santé, la localisation ou les conditions de détention des personnes toujours en captivité. Les autorités israéliennes estiment d'ailleurs à au moins 23 le nombre d'otages déclarés morts.

Des Français figurent-ils encore parmi les otages ? 

Oui, trois Français sont toujours considérés comme otages ou portés disparus. Orion Hernandez-Radoux, Franco-Mexicain de 30 ans, a été enlevé lors du festival de musique Tribe of Nova. Ofer Kalderon, 53 ans, et Ohad Yahalomi, 49 ans, sont, eux aussi, toujours présumés otages. Les deux pères de famille se trouvaient dans le kibboutz de Nir Oz, près de Gaza, au moment de l'attaque. Les enfants du premier (Erez Kalderon, 12 ans, et Sahar Kalderon, 16 ans) et le fils du second (Eitan Yahalomi, 12 ans) ont tous été libérés par le Hamas le 27 novembre, dans le cadre de la trêve conclue entre les deux partis. De son côté, le Bangkok Post estime que huit Thaïlandais sont toujours otages.

Où en sont les négociations ?

Au cours de la trêve de sept jours, fin novembre, 105 otages avaient été libérés par le Hamas, dont 80 Israéliens, 23 ressortissants thaïlandais et un Philippin. Depuis, les tractations diplomatiques nécessaires à de nouveaux échanges semblent à l'arrêt. Le Hamas refuse de poursuivre les discussions sans un cessez-le-feu préalable. Fin décembre 2023, le groupe terroriste a présenté à Israël une nouvelle proposition d'accord qui comprenait cette fois le retrait de Gaza, explique Axios.

Mardi, le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou a affirmé aux proches des otages que les négociations pour leur retour étaient en cours. Mais les familles, qui se réunissent chaque samedi à Tel-Aviv, perdent patience. "Avec le temps, je commence à comprendre que les gens vont oublier, qu'ils ne sortiront pas mon frère de cet enfer, a déclaré à Haaretz sa sœur jumelle Romi Cohen, âgée elle aussi de 19 ans. Je vous en supplie. Ne nous laissez pas seuls. Le temps presse."

Y a-t-il des espoirs de libération ?

Les proches d'au moins six otages ont fait le déplacement à Doha, samedi, dans le but de relancer les pourparlers. Ces familles ont rencontré le Premier ministre qatari Mohammed ben Abderrahmane Al-Thani. Mais lui-même a reconnu qu'il était "plus difficile de parler au Hamas après ce qui s'est passé à Beyrouth", rapporte Axios, citant un responsable qatari. Une allusion à l'assassinat, mardi, du chef adjoint du Hamas Saleh al-Arouri et de plusieurs autres hauts responsables du groupe terroriste.

Au Qatar, les proches ont également rencontré Mohammed bin Abdulaziz Al-Khulaifi, le ministre d'Etat chargé des Affaires étrangères. C'est lui qui dirige l'équipe de négociation avec le Hamas et Israël. "Le Qatar est sincèrement conscient de la souffrance des otages et de leurs proches, a déclaré le responsable qatari à Axios. Nous utilisons tous les canaux possibles et collaborons étroitement avec nos homologues américains et israéliens... mais le Qatar est un médiateur. Il ne contrôle pas le Hamas." Avant d'ajouter : il devient "de plus en plus difficile" de préserver les canaux de communication avec le Hamas en raison de "l'escalade des bombardements à Gaza et ailleurs, qui complique franchement les négociations sur les otages". Les otages israéliens retenus à Gaza ne seront libérés que selon les "conditions" du Hamas, a d'ailleurs prévenu mardi son chef Ismaël Haniyeh lors d'une allocution télévisée.

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