Guerre Israël-Hamas : à genoux, yeux bandés, mains entravées... Des lanceurs d'alerte israéliens dénoncent les conditions de détention de prisonniers palestiniens

Dans un article fleuve publié vendredi, la chaîne américaine CNN dévoile des photos et des témoignages. Des informations qui corroborent les récits déjà recueillis par des ONG et des agences de l'ONU.
Article rédigé par Etienne Monin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
La prison israélienne d'Ofer, le 25 novembre 2023. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

C’est la première photo qui fuite sur l’un des centres de détention israéliens pour les prisonniers faits à Gaza. Elle est publiée par la chaîne américaine CNN et confirme que les conditions de détention dans ces camps sont extrêmes. L’alerte a été donnée depuis longtemps. Mais le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) n’a toujours pas eu accès à ces prisonniers.

La photo de CNN est prise dans l’un des trois sites de détention. Il s'agit de Sde Teiman, une base militaire plantée dans le désert du Néguev. On y voit des prisonniers en tenue gris bleu derrière un rideau de barbelés, serrés sur le sol, les yeux bandés, dans ce qui ressemble à des conditions quotidiennes de détention.

Cette image confirme ce que plusieurs ONG ou agences de l’ONU ont déjà documenté dans des enquêtes menées auprès des Gazaouis relâchés. D’après ces sources, les conditions de détention s’apparentent à de la torture. D’après un médecin du site, deux Gazaouis ont dû être amputés des jambes à cause des liens qui étaient trop serrés. Dans l’hôpital, les détenus sont continuellement attachés, ils font leurs besoins dans des couches. Les soins sont inadaptés.

Selon Naji Abbas, cela confirme ce que des témoins ont déjà raconté. "Les gens sont entravés en permanence, cela veut dire pendant 24 heures, sur des semaines et des mois, raconte celui qui s’occupe des détenus pour l’ONG de médecins israélienne Physicians for Human Rights (PHR). Ils ont les yeux bandés tout le temps. Les soldats les ont fait rester à genoux de 7 heures du matin jusqu'à 11 heures le soir. Les gens qui ont été détenus pendant un ou deux mois et qu'on a rencontrés après leur libération de Sde Teiman nous l'ont dit."

Une gestion totalement opaque

On ne sait pas combien de prisonniers sont retenus dans Sde Teiman. Plusieurs dizaines de personnes seraient décédées. L'État hébreu possède une loi qui définit le statut des combattants illégaux. Elle permet l’incarcération pendant 45 jours sans contrôle judiciaire. Mais depuis le 7 octobre, le Comité international de la Croix-Rouge n’a plus accès aux centres de détention. Il n’a pas non plus de liste de prisonniers. La gestion est totalement opaque. Elle entre en contradiction avec la quatrième convention de Genève qui définit une protection pour les personnes sous occupation. L’armée rejette ces allégations qu’elle considère comme non fondées. 

Depuis le début de la guerre, le CICR a reçu 7 000 demandes d’information sur les Palestiniens qui avaient disparu. En Israël, une ONG a réuni plus de 1 500 signatures de médecins pour demander la fermeture de Sde Teiman. L'État hébreu a fait savoir qu'il comptait répondre favorablement aux Britanniques qui souhaitent faire entrer deux observateurs dans ce centre militaire.

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