Cet article date de plus d'un an.

Israël-Palestine : ce que l'on sait des affrontements à la mosquée Al-Aqsa à Jérusalem

Des heurts dans l'enceinte du lieu de culte ont conduit à l'arrestation de 350 personnes par la police israélienne. L'épisode fait craindre un nouveau regain de tensions dans la région.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6min
La police israélienne arrête un fidèle dans l'enceinte de la mosquée Al-Aqsa, à Jérusalem, le 5 avril 2023. (MAHMOUD ILLEAN / AP / SIPA)

Des heurts en plein ramadan et à la veille de la Pâque juive. De violents affrontements ont opposé, mardi 4 avril, la police israélienne à ce qu'elle a présenté comme des "émeutiers", dans la mosquée Al-Aqsa de Jérusalem. Plus de "350 personnes" ont été arrêtées. En réplique, plusieurs salves de roquettes ont été tirées à partir du nord de la bande de Gaza et l'armée israélienne a riposté en menant des frappes aériennes. De quoi faire craindre une nouvelle escalade, dans un climat particulièrement tendu entre Israéliens et Palestiniens depuis le début de l'année. Voici ce que l'on sait des évènements. 

Un lieu saint de l'islam pris pour cible

La mosquée Al-Aqsa est l'un des lieux de culte musulmans les plus emblématiques au monde. Elle est située sur l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam, à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville sainte occupé et annexé par Israël. L'esplanade est bâtie sur ce que les Juifs appellent le mont du Temple, lieu le plus sacré du judaïsme.

Selon le correspondant du Monde à Jérusalem, de jeunes Palestiniens se sont barricadés dans la mosquée face à la menace d'une provocation d'un groupe de juifs messianiques d'y égorger un agneau pour célébrer le premier jour de la Pâque juive. 

La police israélienne a publié une vidéo montrant des explosions de ce qui semble être des feux d'artifice à l'intérieur de la mosquée, sur laquelle on devine des silhouettes lançant des pierres. Sur d'autres images de la police, on voit des agents antiémeutes avancer dans le lieu de culte en se protégeant des tirs de fusées avec des boucliers.

"Après de nombreuses et longues tentatives infructueuses de les faire sortir par le dialogue, les forces de police ont été contraintes [d'intervenir] pour les déloger dans le but de permettre la tenue [des premières prières de l'aube] et d'empêcher des troubles violents", affirme la police israélienne dans un communiqué.

Plus de 350 personnes arrêtées

Après la diffusion des images, montrant notamment des policiers évacuant au moins cinq personnes les mains menottées dans le dos, le mouvement Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, a dénoncé "un crime sans précédent" et appelé les Palestiniens de Cisjordanie occupée "à se rendre en masse vers la mosquée Al-Aqsa pour la défendre".

De son côté, le ministre de la Sécurité intérieure israélien, Itamar Ben Gvir, a accusé les personnes délogées de la mosquée d'avoir agi en vue "de blesser et d'assassiner des policiers et de blesser des citoyens israéliens". Il a félicité la police pour "son action rapide et déterminée". Cette dernière a annoncé mercredi avoir "arrêté plus de 350 personnes".

Une flambée de violences dans la foulée

Après l'annonce des affrontements à la mosquée Al-Aqsa, plusieurs salves de roquettes ont été tirées à partir du nord de la bande de Gaza en direction du territoire israélien, selon des journalistes de l'AFP et des témoins. Le Jihad islamique, autre groupe armé présent à Gaza, a affirmé que les roquettes étaient "un premier message d'avertissement" après "l'agression" israélienne.

L'armée israélienne a riposté en menant des frappes aériennes contre ce qu'elle a présenté comme des infrastructures militaires du Hamas dans la bande de Gaza, où quelques dizaines de personnes avaient manifesté plus tôt et brûlé des pneus proclamant : "Nous jurons de défendre et protéger la mosquée d'Al-Aqsa."

Des condamnations des pays voisins

La Jordanie, qui administre les lieux saints musulmans de Jérusalem, a condamné "la prise d'assaut" de la mosquée et appelé les forces israéliennes à s'en retirer immédiatement. L'Arabie saoudite a pour sa part exprimé son "rejet catégorique" d'actions violant "les principes internationaux et les normes relatives au respect du sacré". Les affrontements dans la mosquée Al-Aqsa, "en violation du caractère sacré" des lieux, sont "inacceptables", a dénoncé le ministre turc des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu.

Le ministère des Affaires étrangères égyptien a également condamné, dans un communiqué, "l'irruption de la police israélienne à l'intérieur" de la mosquée et "l'agression contre les fidèles". "L'Egypte tient Israël, puissance occupante, comme responsable de cette dangereuse escalade qui pourrait saper les efforts de trêve", ajoute le texte.

Quant au gouvernement allemand, il a fait part de sa préoccupation par l'intermédiaire du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Christofer Burger, exhortant toutes les parties concernées à "ne pas jeter davantage d'huile sur le feu" et appelant "tous ceux ayant de l'influence sur la situation (...) à tout faire pour ramener le calme".

Un bilan très lourd en 2022 

Ces heurts interviennent alors que le conflit israélo-palestinien a été aspiré dans une spirale de violences depuis le début de l'année, après l'entrée en fonctions, fin décembre, d'un des gouvernements les plus à droite de l'histoire d'Israël. Les violences ont fait près de 110 morts depuis le début de l'année et ont repris pendant le week-end après un semblant d'accalmie observé depuis le début du ramadan, le 23 mars.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.