"Je ne peux pas rester, je veux vivre" : l'angoisse de ces habitants de Rafah qui craignent une offensive terrestre de l'armée israélienne

L'armée israélienne se dit prête à entrer dans cette zone du sud de la bande de Gaza, alors que, sur place, plus d'un million de déplacés attendent, sans réelle solution.
Article rédigé par Thibault Lefèvre
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des déplacés palestiniens préparent un repas dans un camp de tentes à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 26 avril 2024. (MOHAMMED ABED / AFP)

Y aura-t-il une nouvelle offensive de l'armée israélienne dans la bande de Gaza ? Israël a bombardé jeudi 25 avril 2024 plusieurs secteurs de la bande de Gaza, comme la ville de Rafah où l'armée se prépare à une opération terrestre dans sa guerre contre le Hamas, malgré les mises en garde de la communauté internationale. Après plus de six mois de frappes et de combats acharnés au sol, qui ont laissé l'essentiel de la bande de Gaza en ruines, Israël estime que le Hamas dispose de quatre bataillons regroupés à Rafah, dans l'extrême sud du territoire, à la frontière avec l'Egypte.

"La nuit dernière, il y a des bombardements. Ils ont bombardé trois ou quatre cibles. Même le son des bombardements, tu sens que c'est un nouveau genre d'explosifs", témoigne Nabil. Avec ses trois enfants, il veut quitter l'enclave au plus vite pour l'Egypte, comme ces 80 à 100 000 Gazaouis qui ont déjà traversé la frontière depuis le début de la guerre, comme l'a déclaré jeudi 25 avril l'ambassadeur palestinien au Caire.

Le point de passage de Rafah est en théorie l'unique ouverture sur le monde de Gaza qui ne soit pas sous contrôle direct israélien. En pratique, Israël conserve un droit de regard sur les entrées et les sorties de biens et de personnes et c'est par-là que passe, au compte-gouttes, l'aide humanitaire destinée à Gaza. "Je ne peux pas rester. Je veux vivre en paix. Moi, je veux vivre, faire grandir mes enfants. Mais pour sortir de Gaza, il faut payer : 5 000 € pour chaque personne auprès des Egyptiens. Tu ne peux pas sortir comme ça. Ils veulent que je vende mes reins ou quoi ? Je ne peux pas avoir 20 000 €, c'est horrible! Je n'en peux plus", dénonce ce père de famille francophone.

"Catastrophe"

Samira, elle, est condamnée à rester à Rafah : "Tu sais, le problème, c'est que mes parents sont vieux. Mon père a presque 90 ans. Jusqu'à maintenant, je fais des prières pour qu'ils n'entrent pas dans Rafah, parce que vraiment, ça va être une catastrophe." Elle a donc décidé d'attendre en famille l'offensive au sol israélienne dont elle entend parler depuis plusieurs semaines, mais qu'elle ne voit pas venir. "La presse parle d'un mois, de quelques semaines après les fêtes juives en Israël... Jusqu'à maintenant, les choses ne sont pas claires"

"Les gens ici, à Rafah, ne veulent pas bouger. Certains se demandent où is vont aller quand d'autres assurent qu'ils ne vont pas bouger. On attend que les Israéliens prennent une décision pour qu'on puisse trouver notre place".

Samira, une habitante de Rafah

à franceinfo

Avec pour le moment deux options sur la table : Khan Younès, plus au nord, où des tentes ont été installées, où le camp d'Al-Maghazi, au bord de la mer, où des centaines de milliers de déplacés survivent dans des conditions sanitaires déplorables.

L'angoisse des habitants de Rafah qui craignent une offensive terrestre de l'armée israélienne : le reportage de Thibault Lefèvre

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