Mort d'Ismaïl Haniyeh : pourquoi le chef du Hamas est-il enterré au Qatar ?

Selon Didier Billion, directeur adjoint de l'IRIS, Doha, qui s'est posé en négociateur dans la guerre à Gaza, entend envoyer un message à toutes les parties.
Article rédigé par franceinfo - Mélanie Kuszelewicz
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Un homme porte un drapeau palestinien en se rendant à la mosquée mosquée Imam Mohammad ben Abdel Wahab, à Doha, lors des obsèques du chef du Hamas, Ismail Haniyeh, le 2 août 2024. (KARIM JAAFAR / AFP)

Le Hamas appelle à une "journée de colère". Des centaines de fidèles se sont rassemblés vendredi 2 août dans une grande mosquée de Doha, au Qatar, pour prier en mémoire du chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, assassiné mercredi à Téhéran.

Le chef politique du Hamas doit être enterré dans un cimetière de Lusail, dans le nord de Doha, après la brève prière qui a rassemblé des centaines de personnes dans la mosquée Imam Mohammad ben Abdel Wahab, la plus grande de la capitale qatarie. L'homme vivait en exil volontaire au Qatar : c'est de là qu'il a pu jouer un rôle clé dans les négociations indirectes entre Israël et le mouvement islamiste palestinien en vue d'une trêve dans la guerre dans la bande de Gaza. 

"Ismaïl Haniyeh pouvait être contacté directement"

Ismaïl Haniyeh a choisi de quitter la bande de Gaza en 2019 pour s'installer au Qatar, pays allié qui accueille le bureau politique du Hamas depuis 2012. C'est aussi l'un des rares pays du Proche-Orient capables de mener des négociations entre Israël et le Hamas en vue d'un cessez-le-feu. Mais selon Didier Billion, directeur adjoint de l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), ces pourparlers déjà laborieux sont mis en péril avec l'assassinat de celui qui était considéré comme le visage diplomatique du Hamas : "Ismaïl Haniyeh était un de ceux qui pouvaient être contactés directement puisqu'il se trouvait au Qatar, en Iran ou en Turquie, où il était facilement joignable. Vous imaginez bien que pour contacter les dirigeants du Hamas, qui se trouvent encore dans la bande de Gaza, cela nécessite des ruses et toute une série d'agents intermédiaires qui rendent la chose très compliquée", précise Didier Billion. 

En enterrant Ismaïl Haniyeh sur son sol, à Doha, le Qatar veut envoyer un message, estime le chercheur. 

"Comme une sorte de marque symbolique du fait que le Qatar ne lâche pas le Hamas. Non pas qu'ils sont d'accord avec toutes les initiatives du Hamas, mais parce qu'ils considèrent qu'avant tout, il faut une solution politique."

Didier Billion

à franceinfo

Et le spécialiste de préciser : "Pour une solution politique, il faut des négociateurs. Et pour qu'il y ait des négociations, il faut des médiations incarnées, donc, entre autres par le Qatar et quelques autres, comme l'Egypte." Or, dès l'annonce de la mort du chef politique du Hamas mercredi, le Qatar s'est interrogé sur l'opportunité de poursuivre sa médiation entre les deux parties.

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