Morts lors d'une distribution d'aide à Gaza : "Distribuer de l'aide, c'est un métier", explique l'ONG Médecins du monde qui dénonce "une forme d’amateurisme" d'Israël
"Distribuer de l'aide, c'est un métier", a expliqué vendredi 1er mars Jean-François Corty, vice-président de Médecins du monde et chercheur associé à l’IRIS, dénonçant "une forme d’amateurisme" de l’État israélien. Une distribution d'aide humanitaire a viré au drame jeudi près de Gaza ville. Des centaines de personnes se sont ruées sur des camions qui devaient livrer de la nourriture aux civils de Gaza. La situation a dégénéré et l'armée israélienne a tiré sur la foule. 110 personnes sont mortes, selon le Hamas.
L’aide humanitaire "requiert une expérience pour répondre à un défi logistique et un défi opérationnel dans un contexte où il y a une famine objectivée qui touche entre 300 000 et 500 000 personnes", a expliqué Jean-François Corty. "On sait que lorsqu'une aide arrive de manière sous proportionnée, elle va déclencher, à Gaza ou ailleurs, des mouvements de populations qui sont affamées", a-t-il souligné.
Selon le vice-président de Médecins du monde, l’aide humanitaire est "massivement" présente en Egypte. "L’enjeu ce n’est pas de la mobiliser, mais c'est de pouvoir la distribuer dans de bonnes conditions. Ce n'est pas pour rien que les humanitaires demandent un cessez-le-feu, c’est justement pour que cette aide puisse être distribuée de manière proportionnelle. Ça ne s'improvise pas", a-t-il expliqué.
Arrêter les "bombardements massifs"
Jean-François Corty a expliqué que la famine dans la bande de Gaza est "délibérément construite par un blocus aérien, maritime, terrestre de l'armée israélienne pour affaiblir cette population. C’est en rupture avec le droit humanitaire international", affirme-t-il.
L’humanitaire n’attend pas des États, israélien ou la communauté internationale, "des aumônes humanitaires". L’urgence, aujourd'hui, "pour sauver ces personnes-là", c’est d’"arrêter les bombardements massifs". Seules "des mesures diplomatiques fortes" peuvent atteindre cet objectif, selon lui, en faisant pression sur Israël et le Hamas. "On peut arrêter d'envoyer des armes dans la région, on peut avoir des moyens de pression. Aujourd'hui, c'est ça qu'on attend des États. Ce n’est pas une réappropriation sémantique de l'humanitaire pour se donner bonne conscience", a-t-il assuré.
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