: Reportage "Elle m'a demandé la date de ce jour-là sur le bras" : en Israël, des tatouages pour ne pas oublier le 7-Octobre
"We will dance again." Nous danserons à nouveau. Cette phrase, l'ex-otage franco-israélienne Mia Schem se l'est fait tatouer sur le bras, quelques jours après sa libération. Otage du Hamas, elle avait été capturée le 7 octobre lors de la rave-party Tribe of Nova, à la lisière de la bande de Gaza, où des milliers de jeunes s'étaient donné rendez-vous pour danser.
Dans une publication Instagram, Mia Schem arbore ce nouveau tatouage, et explique qu'elle l'a fait en hommage aux victimes. Et comme elle, en Israël, nombreux sont les anonymes à se faire tatouer pour ne pas oublier. Caché dans un petit passage du centre-ville de Jérusalem, le salon de Vizi est bien connu des amoureux des tatouages. Depuis les attaques du Hamas, ses clients sont toujours au rendez-vous, mais avec des demandes un peu plus spéciales. "La plupart des tatouages représentent une étoile de David, avec la carte d'Israël et la date du 7-Octobre. Beaucoup de personnes se sont fait tatouer des photos de souvenirs qui leur rappellent un proche disparu, détaille Vizi. J'ai aussi une ancienne otage, revenue de captivité, qui a pris rendez-vous pour faire un tatouage en souvenir de ce qu'elle a vécu."
"Une branche d'olivier, avec deux colombes"
Alice, elle aussi, tatoue depuis des années à Jérusalem. À son poignet, elle arbore un bracelet jaune avec ce message écrit dessus : "Bring them home", ramenez-les à la maison. Il y a quelques semaines, elle a eu du mal à retenir son émotion lorsque cette cliente a poussé la porte de son salon. "C'était une dame âgée qui s'est enfuie de la ville de Sdérot, et elle m'a demandé la date de ce jour-là sur le bras. Ça rappelait vraiment des souvenirs de la Shoah."
"Au début, je me suis mise à trembler, je n'arrivais pas à le faire. Il a fallu que j'arrête tout, que j'arrête de pleurer. Et je me suis ressaisie en me disant qu'elle en avait besoin maintenant."
Alice, tatoueuse à Jérusalemà franceinfo
Graver l’histoire de ce jour, de son peuple sur sa peau, c’était aussi le souhait de Mirel. Dans le salon d’Alice, ce grand brun dans sa tenue kaki montre son bras gauche. Il y a six dessins, et le dernier ne date que de quelques semaines, explique le jeune soldat en permission.
"J'ai fait ce tatouage exactement un mois après les évènements, raconte-t-il. C'est une branche d'olivier, avec deux colombes, pour montrer qui nous sommes, dire qu'on va gagner la guerre, mais aussi qu'on veut la paix, que le calme revienne ici."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.