Reportage En Israël, la communauté russe sceptique sur un potentiel accord entre Moscou et le Hamas pour libérer des otages

Une délégation du Hamas a été reçue dans la capitale russe, et a promis de faire son possible pour retrouver les huit otages russo-israéliens à Gaza. Mais la communauté russe installée en Israël est sceptique.
Article rédigé par Agathe Mahuet, Jérémy Tuil - Edité par Théo Uhart
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Gabriel dans son épicerie de Nethanya. (AGATHE MAHUET / FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

Il a quitté la Russie quand il était petit garçon. Vitaly, désormais patron de cette épicerie d’Ashdod, ville très russophone d’Israël, n’est pas resté très en phase avec la politique de son pays. "Les politiques russes ne sont pas le peuple russe", assène-t-il. Alors, un accord de Moscou avec le Hamas pour libérer les otages ? "Je ne crois pas qu'ils vont faire ça."

Reçue à Moscou, ces jours-ci, une délégation du mouvement islamiste assure qu’elle va faire son possible pour localiser et libérer huit otages russo-israéliens à Gaza. À l'épineuse question de savoir s'il faut ou non serrer la main du Hamas pour récupérer les otages, que se posent de nombreux pays, la Russie a donc répondu oui, elle qui, contrairement aux Etats-Unis par exemple, ne considère pas le Hamas comme une organisation terroriste.

"Le régime russe n’en a rien à faire de son peuple ! Si ça lui importait, il en prendrait soin en Russie, et non pas à Gaza !"

Vitaly, patron d'une épicerie d'Ashdod

à franceinfo

Sur le parking d’un autre commerce russe, cette fois à Néthanya, Liora charge ses courses dans la voiture. Née à Saint-Pétersbourg, elle habite depuis 33 ans en Israël. Elle n’est pas surprise que le Hamas soit reçu à Moscou. "Le Hamas sont des terroristes, et Poutine aussi, un peu", dit-elle en français, avant de corriger en hébreu : "enfin, pas un terroriste, mais un dictateur". Et entre les deux, pour Liora, il n'y a pas beaucoup de différences.

La guerre en Ukraine passe au second plan

Bien sûr, tout le monde n’ose pas émettre un avis si tranché dans ce quartier cosmopolite de Netanya. Inna, moscovite, fait depuis 30 ans des allers-retours entre Israël et la Russie. Elle dit prudemment ne pas être au courant des liens entre le Hamas et Moscou.

Là-haut sur un immeuble voisin, deux grands drapeaux sont accrochés aux fenêtres : un israélien, et un ukrainien, côte-à-côte. Et dans la supérette de Gabriel, qui pousse le volume pour mieux nous faire entendre Julio Iglésias, c’est toute l’ex-URSS qui défile. Sur le pas de la porte, un Arménien discute avec un Kazakh. Gabriel, lui, est un Ouzbèke de Tachkent. Selon lui, le conflit Israël-Hamas a plutôt gommé les tensions liées à la guerre en Ukraine. "Maintenant, près de Gaza, ils ont mobilisé des soldats israéliens d’origine russe… et ukrainienne ! Ils sont là-bas main dans la main, et ils combattent ensemble, parce qu’il y a un seul ennemi !", dit Gabriel. Ce qu’il redoute désormais, c’est une importation de la guerre Israël-Hamas jusqu’en Europe.

La communauté russe en Israël face à la problématique des otages : reportage d'Agathe Mahuet et Jérémy Tuil

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