Reportage Guerre entre Israël et le Hamas : l’archéologie au service de l’identification des corps
À cinq kilomètres de la bande de Gaza, plus de 600 carcasses de véhicules brûlés sont rassemblées, déposées là par l'armée israélienne. Les morceaux de tôle calcinés sont ramassés, voiture par voiture, puis scrupuleusement passés au tamis. Avi Grinberg vient de trouver un morceau d’os, pas plus gros qu’un ongle. "Oui, c’est un os, on le voit à la forme et à la texture", assure-t-il.
Il est archéologue, mais travaille sur les attaques du 7 octobre. Car c’est une première mondiale : en Israël, l’armée a fait appel à des archéologues pour chercher des os et des traces d’ADN sur d’immenses scènes de crimes à ciel ouvert. L'objectif est de réussir à identifier les victimes. Alors, sur le site de la rave-party, dans les kibboutz ou sur les routes autour de Gaza, ils sont 15 à s'affairer pour récupérer des os au milieu de débris calcinés.
"C’est vraiment un travail de fourmi, témoigne Avi Grinberg, responsable de l'identification des corps. À la fête de Réïm, il y avait une ambulance brûlée avec douze corps à l’intérieur. Du matin au soir, nous avons travaillé uniquement sur ce véhicule. Et nous avons pu faire correspondre l’identité des propriétaires de cette ambulance avec les restes des cadavres que nous avons identifiés."
"Ça fait 30 ans que je fais ce métier et ce travail a pris tout son sens ces deux dernières semaines. C’est comme une mission !"
Moshé Admi, directeur adjoint de l’autorité des Antiquités, spécialiste de l’archéologie bibliqueà franceinfo
Une seule dent suffit
Plus de 40 victimes des attaques du 7 octobre sont aujourd’hui encore disparues, dont 9 Français. Alors, les quinze archéologues travaillent sans relâche depuis deux semaines sur ces scènes de crimes. "Nous sommes capables de procéder à une identification sur la base d’une seule dent", explique Moshé Admi, directeur adjoint de l’autorité des Antiquités, spécialiste de l’archéologie biblique. "Les terroristes ont brûlé des gens. Ils les ont attachés ensemble, puis ont mis le feu, raconte-t-il. Ça nous pose problème parce qu’il faut séparer les ossements. On trouve aussi des bijoux, des vis, des plaques. Ce sont des indices."
"Chacune des mères qui apprend ce qui est arrivé à son enfant, même mort, c’est primordial !", assure Moshé Admi. "C’est la première fois, dans l’histoire, que des archéologues travaillent pour identifier des corps. J’espère bien que ce sera la dernière", souffle-t-il. Les archéologues ont déjà permis de retrouver 50 corps. Seulement une quinzaine ont, pour le moment, été identifiés.
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