Reportage "Je pense que le Hezbollah va répondre" : des Libanais craignent une escalade après la mort du numéro deux du Hamas, tué par Israël près de Beyrouth

Après la frappe israélienne qui a tué le numéro deux du Hamas au Liban mardi 2 janvier, des habitants du quartier touché redoutent une escalade.
Article rédigé par franceinfo - Arthur Sarradin
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des secouristes sur le lieu de la frappe israélienne qui a frappé les bureaux du Hamas au Liban, dans la banlieue sud de la capitale, le 2 janvier 2024. (ANWAR AMRO / AFP)

Au Liban, la situation est sous haute tension. Mardi 2 janvier en fin d'après-midi, l'armée israélienne a éliminé le numéro deux du Hamas, Saleh el-Arouri, en banlieue de Beyrouth. La frappe a fait quatre victimes près d'un des bureaux politiques de l'organisation islamiste au Liban. Les alliés du Hamas dans la région, à commencer par le Hezbollah libanais, pourraient répliquer à la suite de cette attaque ciblée. De quoi susciter la crainte, pour certains habitants de la capitale libanaise, d'un conflit à plus large échelle.

Au sud de Beyrouth, l'une des rues du quartier de Dahye, où a eu lieu la frappe israélienne, est entièrement recouverte de gravats. L'armée tente sans succès de disperser une foule de centaines de Libanais. Tous regardent dans la même direction : celle d'un immeuble détruit où se trouvait une heure plus tôt le numéro 2 du Hamas Saleh el-Arouri. C'est la première fois qu'un haut dignitaire du mouvement palestinien est ciblé au-delà de la bande de Gaza depuis le 7 octobre. C'est aussi la première frappe israélienne qui touche la capitale libanaise depuis cette date.

"Au début, les gens du quartier ont pensé que le bruit était celui d'un gros orage, raconte un habitant. Mais nous, on a vu au moins deux explosions ici. Il y a eu deux frappes qui sont tombées devant nous. L'une a touché une voiture et l'autre un immeuble. Ça a fait une déflagration sur une centaine de mètres. Maintenant l’armée ne nous laisse plus nous approcher."

Une allocution du chef du Hezbollah très attendue

Cet habitant du quartier ne se doutait pas qu'un des plus hauts représentants du Hamas pouvait se trouver à quelques immeubles du sien. Saleh el-Arouri était l'un des personnages clés de la mouvance islamiste : installé au Liban depuis 2018, il était chargé de coordonner les opérations du Hamas en Cisjordanie. Mais très en contact avec le leader du Hezbollah, il était également à l'origine de nombreuses actions menées à la frontière qui sépare le Liban d'Israël. Alors pour Ahmed, qui regarde au loin la fumée qui s'échappe encore de l'immeuble détruit, cet événement signe une escalade inquiétante dans la région.

"Tous les gens du coin sont partis, ils ont pris leur voiture et ils sont allés ailleurs."

Ahmed, un habitant du quartier

à franceinfo

"Moi je n'ai pas d'autres endroits qu'ici alors je reste, déplore-t-il. Je pense que le Hezbollah va répondre, on verra ce qu'il se passe demain. Nasrallah a promis que ce serait la loi du talion."

Hassan Nasrallah, le leader de la milice chiite, devrait prendre la parole mercredi après-midi, une intervention déjà prévue depuis plusieurs semaines. Il devait s'exprimer à l'occasion de l'anniversaire de l'assassinat du général iranien Qassem Soleimani, survenu en 2020 en Iran. Mais l'allocution pourrait prendre une tournure plus martiale. Depuis maintenant trois mois, le Hezbollah a le doigt sur la gâchette à la frontière sud. Alors que la situation se tend, cette prise de parole est extrêmement attendue.

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