: Reportage "On ne peut pas faire autrement que de suivre aveuglément ceux qui nous dirigent" : sous la menace d'une riposte de l'Iran, les habitants de Jérusalem se préparent
Israël en état d’alerte : des dizaines de roquettes ont été lancées jeudi 1er août dans la soirée par le Hezbollah sur le nord d’Israël sans faire de victimes. Le Premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a indiqué qu'Israël était à un "niveau très élevé" de préparations pour n'importe quel scénario, "tant défensif qu'offensif" alors que la population se prépare aux représailles promises par l’Iran, le Hamas et le Hezbollah.
À Jérusalem, le long des restaurants, des familles poussent des landaus, des ados mangent leurs glaces. En plein cœur de la ville, difficile d’imaginer dans la touffeur de la nuit une ville aux aguets. Pourtant, quelques indices : Gabriel, 25 ans, râle. Il aurait dû se trouver ce soir dans un avion pour les États-Unis, mais plusieurs compagnies aériennes, dont Lufthansa, ont commencé à suspendre leurs vols. La mort d’Ismaël Haniyeh l’a sidéré : "Je me suis dit, wow, c’est dingue que les renseignements israéliens soient capables de savoir exactement où est quelqu'un et qu’on puisse l’assassiner aussi précisément, sans avoir à tuer trop de gens autour", glisse le jeune homme.
"Stratégiquement, c’était la chose à faire, après l’attaque qui a tué les douze jeunes sur ce stade de foot, dans le nord du pays… Ils ont fait ça bien au lieu d’aller buter des mecs à droite, à gauche, ils savaient exactement qui cibler, et c’était le bon moment."
Gabriel, un habitant de Jérusalem,à franceinfo
Gabriel n’a pas oublié le mois d'avril et cette attaque d’une centaine de drones lancée par l’Iran, en représailles à la frappe israélienne sur son consulat en Syrie. "C'est parti pour être pire cette fois-ci, mais je ne pense pas que les gens vont s’emballer avant que le gouvernement ne leur dise que ça commence. Car la dernière fois, le gouvernement était très directif, capable de dire exactement à quelle heure ça allait se produire. Donc, tant qu'on ne nous a pas donné les six heures de préavis d’alerte comme la dernière fois, je pense que les gens resteront cools jusqu’à ce qu’on nous prévienne...", relativise-t-il.
"En quelque sorte, la guerre nous a soudés"
Reste qu'il a tout préparé : abri anti-bombes, évacuation... Il fera ce que l’État lui dit de faire, tout comme sa sœur, Leah. "Je me sens en sécurité, car j’ai la foi. Mais je vois que beaucoup de gens l’ont perdue et ça nous mène au chaos. Bien sûr que ce n’est pas idéal de devoir se contenter de suivre le gouvernement, mais il faut qu’on reste unis… Avant la guerre, on était divisés, c’est triste, mais, en quelque sorte, la guerre nous a soudés. Et il faut qu’on reste unis".
De quoi arracher un sourire ironique à leur ami Ben. C’est à l’armée qu’il faut faire confiance, dit-il, bien plus qu’au gouvernement Nétanyahou. "Je ne vois pas vraiment où est sa stratégie, mais vu la situation dans laquelle on se trouve, ce n'est vraiment pas le moment de faire tomber le gouvernement et d'aggraver la situation. Là, on ne peut pas faire autrement que de suivre aveuglément ceux qui nous dirigent, et croire qu’ils peuvent nous sortir de ça."
La question est l'ampleur de ses représailles promises. Les analystes de la région penchent pour une riposte mesurée. Jusqu’à présent, ni l’Iran ni le Hezbollah n’auraient intérêt à s’engager dans une attaque massive aux conséquences incalculables, pas plus qu'Israël, dont les unités sont mobilisées à Gaza. 301 jours après l'attaque du Hamas, Israël refuse donc de céder à la peur. Mais les manifestations prévues samedi en soutien aux otages à Gaza ont été annulées, pour des raisons de sécurité.
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