Témoignage "Je n’arrive toujours pas à croire que je suis libre" : les détenus palestiniens savourent leur libération dans le cadre de l'accord entre Israël et le Hamas

Shorouq Dwayyat, condamnée en 2015 à 16 ans de prison, fait partie des prisonniers libérés dans le cadre de l'accord entre Israël et le Hamas. Elle raconte ses premières heures de liberté.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Shorouq Dwayyat et sa mère Samira le 26 novembre 2023, après sa libération dans le cadre de l'accord entre Israël et le Hamas. (FAIZ ABU RMELEH / MIDDLE EAST IMAGES VIA AFP)

Cela faisait huit ans qu’elle n’était pas revenue chez elle, à Sur Baher, une localité de Jérusalem. Samedi 25 novembre, Shorouq Dwayyat a été accueillie en héroïne, attendue jusqu’au dernier moment. Elle faisait partie des 39 prisonniers palestiniens détenus en Israël libérés au quatrième jour de la trêve, dans le cadre de l'accord avec le Hamas. Désormais, elle est encore sur un petit nuage, et profite de chaque instant avec ses proches.

 

"Jusqu’à maintenant, confie Shorouq Dwayyat, je n’arrive toujours pas à croire que c’est mon second jour de liberté, et que je suis là, auprès de ma famille, assise à côté de ma mère, de mon frère, qu’à la maison, j’ai vu mon père… Vraiment, j’ai l’impression de rêver." Et quand on lui demande ce qu’elle a fait pour sa première journée loin de la prison, elle répond : "C’est plutôt : qu’est-ce que je n’ai pas fait aujourd’hui ? J’ai fait plein de choses ! J’ai vu énormément de journalistes, mes amis, ma famille élargie… vous voyez, là, il y a encore plein de monde chez nous." 

"Tout le monde veut la voir"

La mère de Shorouq intervient. "Elle a déjeuné avec nous, elle a dîné avec nous, toutes ces choses que les familles font normalement en famille... mais on a toujours été interrompus, car tout le monde veut la voir." Samira, 59 ans, sourit, regarde sa fille avec des yeux émus, lui tient la main en permanence, comme pour s’assurer qu’elle est vraiment là. "La veille, c’était cruel, vraiment compliqué pour nous. Shorouq n’est arrivée à la maison qu’après une heure du matin. J’étais vraiment angoissée, j’avais peur qu’avec tout le retard dans l’accord, elle n’allait finalement pas pouvoir être libérée. Pour moi, c’était presque pire que les huit ans qu’on a passé sans elle." 

Shorouq devait en passer huit de plus derrière les barreaux, elle qui a été condamnée à 16 ans. C’était en 2015, dans la vieille ville de Jérusalem. Attaquée par un colon israélien, elle se débat, il sort une arme, tire, blesse la jeune femme de 18 ans. Elle a été accusée par Israël d’avoir voulu le poignarder. Aujourd’hui, elle ne veut plus en parler, mais elle insiste sur les conditions des femmes en prison depuis le 7 octobre. "C’est de pire en pire. Les gardes entrent dans nos cellules tous les jours, ne respectent pas notre intimité, ils nous frappent. Leur nouvelle politique est d'avoir réduit la nourriture. Ils nous lancent même des gaz lacrymogènes. Honnêtement, ils nous traitent sans aucune humanité."

Libre, Shorouq pense surtout à Shatila Abu Ayadeh, sa codétenue, Palestinienne citoyenne d’Israël, qui n’est pas sur la liste, et à toutes les autres qui sont encore derrière les barreaux.

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