: Témoignages Guerre Israël-Hamas : "On essaie de faire front, partout", confient des femmes "fatiguées" et "sans salaire" de soldats réservistes israéliens
Yohanan, le mari de Lévana, est posté au nord d'Israël, à la frontière avec le Liban. Depuis le 7 octobre, c'est elle qui gère les enfants et la maison seule. Plus de 300 000 soldats réservistes sont mobilisés pour cette guerre entre le Hamas et Israël qui en est, mercredi 27 décembre, à son 82ème jour. Et elle va durer encore "de nombreux mois", prévient le chef d'état-major de l'armée israélienne, tandis que la France se dit d'ailleurs "gravement préoccupée par l'intensification et la prolongation des combats à Gaza".
Or, à l'arrière, la situation devient complexe. Si ces soldats réservistes mobilisés reçoivent une compensation financière pour avoir quitté leur travail, ce n'est pas le cas de leurs conjoints qui se retrouvent seuls à la maison avec les enfants. C'est donc le cas de Lévana, une Franco-Israélienne qui vit à Jérusalem. "Nous avons cinq enfants entre 3 et 12 ans, explique-t-elle. Ça chamboule tout, parce qu'en général, mon mari est là une à deux fois par semaine, l'après-midi, pour être avec les enfants. Et le matin, c'est lui qui s'occupe d'eux, de les réveiller et de les habiller... Donc là, il faut faire les deux jobs", regrette-t-elle.
Lévana endosse son rôle de maman, mais aussi de papa, tout en continuant à exercer son métier d'ingénieure en informatique, qui lui prend énormément de temps. Elle est donc passée en télétravail et confie compter sur l'aide de ses proches : "Mes parents, les voisins aussi, me ramènent parfois les enfants. On essaie de faire front, partout".
"Je suis fatiguée"
La jeune mère de famille relativise. Elle n'a pas perdu son emploi, ni son salaire, contrairement à Anaëlle, une autre Franco-Israélienne qui s'occupe désormais à temps plein de ses trois enfants. "Je suis orthophoniste et je ne suis pas retournée travailler depuis le 7 octobre parce que je ne peux pas tout gérer. Comme je suis à mon compte, ça veut dire qu'on n'a plus de salaire. Ça fait 6 000 shekels en moins, donc 1 500 euros en moins par mois. Je suis fatiguée", reconnaît-elle.
"Là, je me réveille de deux heures de sieste et j'en ai vraiment besoin. Hier, je n'en ai pas fait et le soir, j'ai craqué."
Annaëlle, dont le mari est mobiliséà franceinfo
Ces femmes de soldats qui craquent sont de plus en plus nombreuses. Elles sont 4 000 dans l'association qui vient d'être lancée par Sapir Bloser, juriste de formation et elle-même compagne d'un militaire. Elle lance un appel au gouvernement israélien : "Nous demandons trois choses. La première, c'est une compensation financière. La deuxième, la protection de l'emploi car malheureusement, certaines femmes ont été mises en congé sans solde ou licenciées. Et la troisième, c'est de l'aide psychologique. Les femmes de réservistes font partie intégrante de cette campagne militaire".
Face à la colère qui monte, le porte-parole de l'armée israélienne a reconnu lundi 25 décembre le fardeau supporté par ces familles. Il assure que le gouvernement va travailler sur un système de compensation pour les soutenir.
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