"Toutes les preuves étaient là" : quelques jours avant les attaques du Hamas, des soldates israéliennes avaient alerté les autorités
"Ils n'ont pas agi comme il fallait". Le 7 octobre 2023, Israël se réveillait sous le choc des images et découvrait l’ampleur des horreurs commises par des miliciens du Hamas. Réputée insubmersible, la barrière de sécurité qui séparait Gaza de l’Etat hébreu n’a pas fait le poids. Plus grave, le contrat tacite entre les Israéliens et leurs dirigeants qui doivent, depuis la création de l’Etat en 1948, leur permettre de vivre en sécurité, est désormais rompu. En attendant une commission d’enquête qui devrait commencer à travailler après la guerre, les langues se délient. Or, les services de sécurité n'ont rien vu ou, plutôt, n’ont rien voulu voir, dénoncent certains.
Tahlia* était une guetteuse de l’armée israélienne : "Le but est vraiment de vérifier qu'il n'y a aucun incident", précise la jeune femme, au micro de franceinfo. Seulement quelques jours avant l’attaque du 7 octobre, des collègues installées à la lisière de Gaza, ont remarqué, sur leurs écrans, d’étranges mouvements de miliciens du Hamas. Elles ont averti, sans résultat.
"Je ressens beaucoup de colère"
"Le fait que ces alertes n'aient pas été entendues me met très en colère. Ce n'est pas normal que ça n'ait pas été pris en compte, qu'il y ait eu de telles failles. Je ressens beaucoup de colère. C'est pour ça qu'ils n'ont pas agi comme il fallait", dénonce Talhia, en français.
"On accorde peu d'importance aux paroles des soldates guetteuses. On est la toute petite soldate que personne ne prend en compte. Ils ne nous accordent pas d'importance, parce qu'on est jeunes, on a 18 ans, on est tout en bas de la hiérarchie de l'armée"
Tahlia, une soldate israélienneà franceinfo
L’armée, les services de renseignements, la police… À tous les niveaux, les principaux dirigeants, ont assumé leurs torts. "Toutes les preuves étaient là, précise Michael Kobi, professeur de stratégie militaire à l’INSS, l’Institut national de sécurité israélien. Le problème, c’est la manière dont les informations ont été analysées. Ce n’est rien de moins qu’une catastrophe au niveau du renseignement et d’un point de vue opérationnel. C’est un échec important et c’est la première fois, depuis la création d’Israël en 1948 que des communautés israéliennes ont été occupées. Des gens ont été tués dans leurs maisons. C’est un échec pour l’armée et pour l’Etat qui ont le devoir de défendre leurs citoyens."
Et puis l’autre erreur majeure, selon Michael Kobi, c'est la croyance absolue dans la technologie de surveillance et l’absence physique de soldat qui en découle. Le 7 octobre, ils n’étaient, selon le chercheur, que 200 autour de Gaza.
*Le prénom a été modifié
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