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Violences aux obsèques de Shireen Abu Akleh : le président du Forum international pour la paix alerte sur "le risque d'une troisième intifada"

Le président du Forum international pour la paix, Ofer Bronchtein, appelle Israéliens et Palestiniens "à revenir à la table des négociations", vendredi sur franceinfo. 

Article rédigé par franceinfo
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Des violences ont éclaté entre les forces de sécurité israéliennes et Palestiniens portant le cercueil de la journaliste d'Al-Jazeera Shireen Abu Akleh, à la sortie d'un hôpital,  à Jérusalem, le 13 mai 2022. (AHMAD GHARABLI / AFP)

"Mettre de l'huile sur le feu à Jérusalem, c'est le risque d'une troisième intifada", a alerté vendredi 13 mai, sur franceinfo Ofer Bronchtein, président du Forum international pour la paix et ancien collaborateur d'Yitzhak Rabin, chargé de mission par Emmanuel Macron pour le rapprochement israélo-palestinien, alors que des violences ont éclatées lors des funérailles de la journaliste palestino-américaine Shireen Abu Akleh à Jérusalem. L'Union européenne s'est dite "consternée" par l'usage de la force "inutile" par les forces israéliennes.

Pour Ofer Bronchtein, "cela des effets pervers dans le monde entier". Il plaide pour "la solution des deux États" et appelle Israéliens et Palestiniens "à revenir à la table des négociations".

franceinfo : Quel a été votre sentiment face à ces violences ?

Ofer Bronchtein : On ne peut exprimer uniquement que de la tristesse, de la désolation. Je ne sais pas si toutes les mesures ont été prises pour empêcher les violences. On savait que beaucoup de Palestiniens allaient participer à ces funérailles. Il fallait que les autorités israéliennes prennent toutes les mesures pour que cela se fasse dans le calme. Je déplore que cela n'ait pas été le cas. Ce qui est important c'est qu'une enquête indépendante soit conduite pour que l'on sache toute la vérité sur les conditions dans lesquelles Shireen Abu Akleh a été tuée. Je déplore que trop de journalistes soient tués dans le monde. C'est révoltant. Il faut que la communauté internationale prenne les mesures les plus fortes pour condamner les assassinats de journalistes, et bien entendu celui de Shireen Abu Akleh.

Est-ce que c'est symptomatique des tensions entre Palestiniens et Israéliens ?

Ce conflit a trop duré. Chaque semaine, chaque mois, on voit une recrudescence de violences. On l'a vu à Jérusalem. Cela fait déjà un mois et demi qu'il y a des violences presque continuelles. Il faut que les Israéliens et les Palestiniens reviennent au calme, à la sérénité. Il est temps que la communauté internationale s'engage d'une façon ferme, claire, pour pousser les uns et les autres à venir aux négociations, à revenir au dialogue. Cela ne peut pas durer. C'est très dangereux. Jérusalem, c'est une poudrière. Mettre de l'huile sur le feu à Jérusalem, c'est le risque d'une troisième intifada. Cela a des effets difficiles dangereux dans nos rues, ici en France, à Paris. Cela a des effets pervers dans le monde entier. Il faut prendre des mesures radicales, fermes, pour que les Israéliens et les Palestiniens reviennent à la table des négociations. On sait quelle est la solution pour que la paix s'installe dans la région. C'est la solution des deux États. C'est le respect de la sécurité de l'État d'Israël. C'est le retour de la liberté, de la dignité pour les Palestiniens. On peut le faire, on doit le faire.

De quelles mesures radicales parlez-vous ?

Le contribuable européen a financé à plus de 20 milliards d'euros la construction de l'autorité palestinienne espérant que c'était les prémices d'un État palestinien. Nous soutenons l'économie palestinienne à bout de bras. Nous avons ouvert le marché européen à l'économie israélienne. Israël fait partie de tous les programmes de développement de l'Union européenne. Il est temps que l'Union européenne parle d'une seule voix. Ce n'est pas le cas aujourd'hui. Il faut que l'on synchronise les aides et les soutiens économiques à l'autorité palestinienne. Et il faut dire, on est prêt à être le chéquier de la solution des deux États, à une seule condition, c'est que l'on ait un droit politique à pousser les Israéliens et à pousser les Palestiniens à revenir à la table des négociations. Je ne suis plus prêt, moi en tant qu'Européen, à payer pour que la situation continue à s'envenimer. Je suis prêt à payer pour que la paix soit construite.

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