Chef militaire du Hamas tué : cinq questions sur l'opération israélienne à Gaza
Israël se dit prêt à lancer une offensive terrestre à Gaza. Le mouvement islamiste accuse le pays d'avoir ouvert les portes de l'enfer.
GAZA – Fin de la trêve tacite de 24 heures entre Gaza et Israël. Le chef de la branche armée du Hamas, Ahmad Jaabari, a été tué par une frappe aérienne israélienne contre une voiture, mercredi 14 novembre, à Gaza. Son garde du corps a été tué également, tout comme son fils, selon le correspondant de France 2 à Jérusalem, Charles Enderlin.
Dans la foulée de cette attaque, l'armée israélienne a également annoncé le début d'une opération contre les groupes armés à Gaza, qui a déjà fait quatre morts côté palestinien. A l'étranger, tandis que plusieurs pays arabes ont dénoncé les raids d'Israël, les Etats-Unis ont condamné les tirs de roquette palestiniens et invoqué le droit de l'Etat hébreu à se défendre.
Francetv info résume la situation.
Quel est le but de l'opération lancée par Israël ?
Après avoir confirmé l'attaque sur Ahmad Jaabari, l'armée israélienne a fait de même concernant le déclenchement de l'opération, sur son compte Twitter. Elle a indiqué que "les deux objectifs principaux étaient de protéger les civils israéliens et d'entraver les infrastructures terroristes de la bande de Gaza".
The first target, hit minutes ago, was Ahmed Al-Jabari, head of the #Hamas military wing: idfblog.com/2012/11/14/idf…
— IDF (@IDFSpokesperson) November 14, 2012
There are 2 main goals of this IDF operation: to protect Israeli civilians and to cripple the terrorist infrastructure in the #Gaza Strip.
— IDF (@IDFSpokesperson) November 14, 2012
"Le gouvernement israélien a décidé de déclencher cette offensive sous la pression des habitants des localités proches de Gaza", selon Charles Enderlin, qui affirme que l'opération a été nommée "colonnes de nuages".
Plus de 20 raids aériens israéliens ont été lancés sur le territoire palestinien dans le cadre de cette opération. Selon le représentant palestinien à l'ONU, neuf personnes ont été tuées dans les raids.
Quelle ampleur pourrait-elle prendre ?
L'armée a indiqué avoir visé des sites de lancement de roquettes à longue portée du mouvement palestinien Hamas, qui contrôle la bande de Gaza. Pour l'instant, il ne s'agit que d'une opération aérienne mais un porte-parole militaire a déclaré, sur son compte officiel Twitter, que "toutes les options sont sur la table. Si nécessaire, l'armée est prête à lancer une opération terrestre à Gaza".
Selon des témoins cités par l'AFP, des dizaines de chars de l'armée israélienne sont stationnés à l'extérieur de la bande de Gaza, près de la barrière de sécurité entre Israël et le territoire palestinien.
Signe qu'Israël se prépare à une opération potentiellement de grande envergure, le cabinet de sécurité israélien a autorisé mercredi soir le rappel de certains réservistes. Des convocations ont été adressées à certains réservistes mais ce rappel n'est pas une mobilisation générale, a précisé un porte-parole de l'armée.
Pourquoi Ahmad Jaabari a-t-il été pris pour cible ?
"L'armée israélienne a visé Ahmad Jaabari, chef de la branche armée du Hamas dans la bande de Gaza", a expliqué l'armée israélienne dans un communiqué, ajoutant qu'il était "directement responsable de l'exécution d'attentats terroristes contre l'Etat d'Israël ces dernières années".
Ahmad Jaabari a rejoint le Hamas lorsqu'il était détenu par Israël après son arrestation en 1982 pour planification d'opérations anti-israéliennes, selon l'AFP. Officiellement lieutenant des Brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas, il était connu à Gaza comme "le général" ou "le chef d'état-major". En 2003, il est devenu de fait le chef exécutif de la branche armée du mouvement islamiste à la suite d'un raid israélien au cours duquel Mohammad Deïf, le chef de l'époque, a été blessé.
Sa dernière apparition en public remonte au 18 octobre 2011, lors de la remise du soldat israélien Gilad Shalit, détenu pendant plus de cinq ans à Gaza, aux médiateurs égyptiens. Selon Le Monde.fr, il voulait ainsi "s'attribuer la paternité et le crédit de l'échange de prisonniers avec Israël, qui allait permettre à un millier de détenus palestiniens d'être libérés". Dans une interview au quotidien panarabe Al-Hayat, citée par Le Monde.fr, Ahmad Jaabari avait expliqué qu'il s'agissait du "jour le plus heureux de [sa] vie".
Le Hamas peut-il riposter ?
Le mouvement islamiste a immédiatement réagi à la mort du leader, estimant qu'Israël avait "ouvert les portes de l'enfer". Les Brigades Ezzedine al-Qassam ont déclaré, selon l'AFP, "porter le deuil d'un de leurs principaux chefs, Ahmad Jaabari, et s'engagent à continuer sur le chemin de la résistance". Le porte-parole du gouvernement du Hamas à Gaza, Taher Al-Nounou, a déclaré qu'"Israël portait la responsabilité de ces crimes et de leurs graves conséquences".
"Tout peut être imaginé. D'abord de nouveaux tirs de roquettes sur Israël, c'est ce qui se passe actuellement. (...) Le Hamas pourrait également décider de commettre des attentats suicides en Israël et en Cisjordanie", analyse de son côté le correspondant de France 2 à Jérusalem, Charles Enderlin.
Quelle est l'attitude des pays voisins et alliés ?
Cette escalade de violence provoque une vive inquiétude dans la région. Les ministres des Affaires étrangères des pays membres de la Ligue arabe ont annoncé une réunion d'urgence au Caire samedi 17 novembre pour débattre de la situation.
L'Egypte, qui a la première appelé à cette réunion, a décidé de rappeler son ambassadeur et de convoquer l'ambassadeur israélien au Caire. Un geste fort de la part d'un pays qui joue habituellement les intermédiaires entre Israël et le Hamas.
Les Etats-Unis eux, se sont rangés du côté d'Israël, leur allié traditionnel, en condamnant "fermement" les tirs de roquettes palestiniens depuis la bande de Gaza, que les Israéliens accusent d'être à l'origine de la flambée de violence. "Il n'y a aucune justification à l'emploi de la violence par le Hamas et d'autres organisations terroristes contre le peuple israélien", a déclaré le porte-parole adjoint du département d'Etat Mark Toner, exprimant dans un communiqué le "soutien" de Washington "au droit d'Israël à s'auto-défendre".
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