L’émir du Qatar abdique en faveur de son fils

C'était dans l'air, c'est désormais officiel : le richissime Qatar change de dirigeant. L'émir de ce petit pays du Golfe, cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, a annoncé mardi 25 juin avoir décidé d'abdiquer et de céder le pouvoir à son fils, le prince héritier Tamim. Il s'agit d'une première dans ce pays et dans l'histoire récente du monde arabe, où aucun souverain n'a jamais renoncé au pouvoir de son plein gré.

Dans un discours télévisé adressé à la nation, l'émir du richissime Etat gazier a ainsi affirmé que "le temps [était] venu d'ouvrir une nouvelle page" et de "confier les responsabilités à la nouvelle génération". "Je suis entièrement convaincu qu'il [cheikh Tamim ben Hamad Al Thani] placera l'intérêt du pays et la prospérité de son peuple en priorité", a confié l'émir. Agé de 61 ans, il était aux commandes du pays depuis 1995, à la suite d'une révolution de palais. 

Qui est le nouvel émir du Qatar ?

Le nouvel émir, cheikh Tamim, n'est âgé que de 33 ans. Il devient ainsi le plus jeune souverain d'une monarchie du Golfe. Nommé prince héritier il y a dix ans, le quatrième fils de l'émir a progressivement conforté son autorité au cours des dernières années, en prenant la gestion de dossiers sensibles de politique étrangère et intérieure.

Sa mère est l'influente cheikha Moza, deuxième épouse du souverain. Le palais avait déjà annoncé lundi soir dans un communiqué que les Qataris étaient invités à "prêter allégeance à son altesse cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, comme émir du pays".

Faut-il s'attendre à des changements de politique ?

Difficile à dire. L'intronisation du nouvel émir pourrait être accompagnée d'un important remaniement ministériel. Celui-ci verrait le départ du puissant Premier ministre, cheikh Hamad ben Jassem ben Jabr Al Thani, qui occupe ce poste depuis 2007. Il est également ministre des Affaires étrangères et a joué, à ce titre, un rôle central dans l'appui aux soulèvements arabes. Soutien qui se poursuit aujourd'hui auprès de la rébellion syrienne.

Un analyste politique qatari interrogé par Reuters se montre plus sceptique quant à la possibilité de changement. Il affirme ne pas s'attendre à un grand chamboulement de la politique de son pays, aussi bien d'un point de vue national que diplomatique. Il souligne le fait que le prince Tamim était déjà impliqué dans les affaires du pays sous le règne de son père.