Les combats en Libye ont poussé des milliers de personnes à fuir vers l'est du pays, a indiqué mardi le HCR (Onu)
L'aviation de la coalition internationale a attaqué mardi un appareil des forces du colonel Kadhafi qui volait vers Benghazi, selon Al Jazira. Sur le terrain, des combats se sont poursuivis entre forces loyalistes et insurgés.
Mardi soir, des tirs de la défense anti-aérienne ont résonné, précédés et suivis d'explosions lointaines, a rapporté l'AFP.
Entrée en action samedi en vertu de la résolution 1973 de l'Onu adoptée jeudi, la coalition montrait toutefois des signes de division.
Dans la nuit de lundi à mardi, la coalition avait à nouveau visé la résidence de Kadhafi à Tripoli, tandis que des combats se poursuivaient sur le terrain.
Lundi soir, des tirs de la défense anti-aérienne suivis d'explosions ont retenti à Tripoli près de la résidence du dirigeant libyen, selon un journaliste de l'AFP. La nuit précédente, des missiles avaient détruit un bâtiment au sein de cette résidence-caserne dans le sud de Tripoli.
Une base navale située à 10 km à l'est de Tripoli a été touchée par des bombardements lundi soir, selon des témoins qui ont vu des flammes s'échapper de la base.
"La position américaine est que Kadhafi doit partir"
Plusieurs hauts responsables ont assuré que la coalition ne cherchait pas à viser directement le colonel Kadhafi. Mais Barack Obama a déclaré: "La position américaine est que Kadhafi doit partir."
Le Premier ministre britannique David Cameron n'a pour sa part pas caché qu'il "pensait que la Libye doit se débarrasser de Kadhafi", tout en soulignant qu'il appartenait "au peuple libyen de choisir son propre avenir". Londres "s'en tiendra strictement au mandat des Nations Unies", a-t-il ajouté. Par 557 voix contre 13, les parlementaires britanniques ont approuvé à la quasi-unanimité la participation des forces britanniques aux opérations.
Le commandement pourrait être confié à l'Otan
Au sein de la coalition -à laquelle participent du côté de l'UE la France, la Grande-Bretagne, l'Italie, la Belgique, le Danemark, la Grèce, et l'Espagne- des voix dissonantes se font entendre, notamment au sujet du commandement de cette opération que plusieurs pays souhaiteraient voir confié à l'Otan.
"L'OTAN jouera un rôle" dans la nouvelle phase militaire en Libye, a affirmé Barack Obama, ajoutant que cette phase débuterait dans un délai "de jours, non de semaines". Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a réclamé que "le commandement des opérations passe à l'Otan". "Nous voulons (...) un contrôle utilisant les mécanismes de l'Otan, de façon à ce que tous ceux qui veulent participer de l'extérieur puissent être coordonnés correctement," a renchéri David Cameron.
La Norvège a fait savoir que ses six F-16 dépêchés lundi en Méditerranée pour participer à l'opération n'entameront leur mission que lorsque cette question du commandement aura été clarifiée. De son côté, le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero demandera mardi le soutien du Parlement pour la participation du pays, pendant une période d'au moins un mois, à l'opération militaire. Le Conseil de sécurité de l'ONU tiendra jeudi une réunion pour débattre de la situation en Libye.
Toujours des combats sur le terrain
A l'ouest de la Libye, des "affrontements violents" ont eu lieu lundi et mardi dans la région de Yefren, au sud-ouest de Tripoli, entre les rebelles qui contrôlent la région et les forces du régime libyen, faisant au moins 9 morts, ont indiqué à l'AFP des habitants de cette région.
Malgré l'offensive internationale, les violences se sont poursuivies également lundi sur le terrain, faisant au moins 40 morts et 300 blessés à Misrata, à environ 200 km à l'est de Tripoli, selon un porte-parole des rebelles dans la ville et une source médicale. Selon le porte-parole, des forces de Kadhafi ont pénétré dans la ville et y ont déployé des snipers et trois chars, tirant sur des manifestants.
Le porte-parole du régime libyen a affirmé pour sa part que la ville avait été "libérée il y a trois jours" mais que les forces du régime continuaient à y rechercher des "éléments terroristes". Dans l'Est, les forces gouvernementales libyennes, qui avaient attaqué Benghazi samedi matin, ont reculé lundi jusqu'à Ajdabiya, à 160 km au sud.
Au sud-ouest de Tripoli, les forces loyalistes pilonnent depuis trois jours la région d'Al-Jabal Al-Gharbi, en particulier les villes de Zenten et Yefren sous contrôle de la rébellion, selon des habitants de la région évoquant des raids "très intensifs". D'après le régime libyen, depuis samedi, la coalition a mené des raids sur Tripoli, Zouara, Misrata (ouest), Syrte et a visé lundi Sebha, ciblant notamment des aéroports.
Ces attaques ont fait de "nombreuses victimes" parmi les civils, notamment à "l'aéroport civil" de Syrte, ville natale de Kadhafi, à 600 km à l'est de Tripoli, a déclaré Moussa Ibrahim, porte-parole du gouvernement libyen.
Le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis près de 42 ans, est contesté depuis le 15 février par une révolte qui a fait des centaines de morts et poussé plus de 300.000 personnes à la fuite.
Prix du pétrole en hausse
Les prix du pétrole ont terminé en hausse lundi à New York sous l'effet des frappes aériennes de la coalition internationale en Libye qui entretenaient l'idée d'une crise prolongée dans le pays.
Voir aussi :
>> Antoine Basbous, directeur de l'Observatoire des pays arabes, invité de l'émission "Les 4 Vérités"
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