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Réfugiés : la Turquie championne du monde d'une courte tête devant le Liban
En cette fin d'année 2015, la Turquie est devenue la championne du monde dans l'accueil des réfugiés, migrants et autres demandeurs d'asile. Elle devance le Liban, autrement plus petit, d'une courte tête. Mais là où la Turquie se distingue, c'est qu'il y a 3 ans, elle ne figurait même pas dans le top 20 des pays recevant des réfugiés...
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Au top des pays accueillant des réfugiés, la Turquie vient de se hisser en une année à la première place. Frontalière avec la Syrie, comme le Liban, elle se retrouve logiquement la première destination (toujours comme le Liban) de la population fuyant ce pays. Là où les deux pays diffèrent, c'est tout d'abord dans le fait que c'est une nouveauté pour la Turquie contre une longue tradition d'accueil pour le pays du Cèdre. Qui s'est déjà trouvé confronté à un nombre très important de réfugiés (Palestiniens).
Autre divergence majeure, les superficies respectives des deux pays, font que l'accueil du quasiment même nombre de réfugiés n'a pas les mêmes répercussions de part et d'autre. En effet, le minuscule Liban a 40.000 réfugiés de moins que la Turquie pourtant 70 fois plus grande. Un ratio qui rend la présence de tous ces migrants nettement plus pesante au Liban que dans la grande Turquie...
Trop de réfugiés
Les réfugiés se pressent dans ces deux pays. En décembre 2015, la Turquie compte 1.888.930 réfugiés, pour 1.846.150 au Liban. Les origines de ces réfugiés sont plus diversifiées en Turquie. Essentiellement, ils viennent de Syrie (1.700.000), d'Irak (67.070) et d'Afghanistan (environ 42.500). Au Liban, en revanche, 1.835.840 sont issus de Syrie et 3.000 d'Irak.
La Jordanie, pays intermédiaire tant par la taille que par la population (par rapport aux deux précédemment cités), compte quant à elle, selon l'UNHCR, 632.000 réfugiés syriens.
Inquiet de l'ampleur de l'afflux, le royaume a préféré fermer son poste frontière le plus fréquenté par les Syriens, obligeant les fuyards à faire des centaines de kilomètres pour passer plus au Nord. Les autorités ne les laissant plus passer qu'au compte-gouttes, l'ONG Human Rights Watch tire la sonnette d'alarme sur les milliers de Syriens qui seraient coincés à la frontière jordanienne, en plein désert. Des photos satellite montrent l'ampleur du problème. En avril, on pouvait dénombrer quelque 175 tentes. En décembre, une deuxième photo a permis de voir 1450 tentes, laissant supposer que près de 20.000 personnes sont coincées dans ce no man's land, dans des conditions de vie et d'hygiène dramatiques.
Dans tous les cas, les Syriens représentent 98% des personnes déplacées. L'Organisation des Nations Unies (ONU) a pris le problème en main, gère les camps, les gens, alloue de l'argent aux pays d'accueil, et fait voter par le conseil de sécurité une résolution pour un réglement politique en Syrie, censé mettre fin à la guerre dans ce pays.
La résolution qui fâche
Mais la résolution appelle, entre autres, à la création «des conditions permettant aux réfugiés et aux personnes déplacées de retourner de leur plein gré et en toute sécurité dans leur région d'origine, conformément au droit international.» Le passage «retour de leur plein gré» faisant fortement tousser le Liban qui y voit une possibilité laissée aux Syriens de rester dans le pays (sans oublier le passif entre les deux pays). Et le Liban de militer pour l'adoption de l'article adopté sur le même sujet durant la Conférence de Vienne 2 et qui appelait également à «la création des conditions permettant aux réfugiés de retourner» en toute sécurité «dans leur région d'origine, conformément au droit international et aux intérêts des Etats qui les accueillent.»
Gebran Bassil, le chef de la diplomatie libanaise, a donc annoncé que son pays ne s'y conformerait pas, en estimant qu'un «retour des populations déplacées en toute sécurité chez elles représente la seule solution durable à la crise des réfugiés».
Dans ce pays à l'équilibre précaire, quasiment d'un habitant sur deux est un réfugié.
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