: Reportage "Nous sommes devenus des cibles" : au Liban, les équipes de secours estiment être délibérément visées par l'armée israélienne

Une équipe de secours de la défense civile a été victime d’une frappe israélienne mercredi soir dans la région de Tyr, au sud du pays. Le bilan est de cinq morts. Deux pompiers sont également morts jeudi après-midi à Beyrouth.
Article rédigé par franceinfo
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Des sauveteurs cherchent des survivants sur le site d'une attaque aérienne israélienne qui a visé le village de Derdghaiya, dans le sud du Liban, le 10 octobre 2024. (BILAL KASHMAR / AFP)

Des équipes de secouristes en première ligne. Dans son bureau de la direction de la défense civile libanaise, Nabil Salhani a encore du mal à croire ce qui s'est passé. Dans la soirée du mercredi 9 octobre, une frappe de l'aviation israélienne s'est abattue sur un centre de secours dans le village de Derdghaiya, près de la ville de Tyr, au sud du pays, faisant cinq morts. Les photos de l'immeuble montrent le bâtiment pulvérisé. "L'immeuble est en pièces détachées, en débris, avec le petit camion de pompiers. C'était leur bâtiment qui s'est effondré. C'est une cible directe, ce n'est pas par erreur."

"Quand tu vois que tous tes collègues - des amis que l'on connait depuis des années et des années - sont en train d'être ciblées... Leur seule faute, c'est qu'ils veulent continuer à donner de l'aide aux citoyens qui sont dans leur région."

Nabil Salhani, direction de la défense civile libanaise

à franceinfo

Vitres soufflées, portes cassées... La caserne de Ghassan Zheim, responsable des opérations dans la banlieue sud de Beyrouth, a été endommagée par une frappe tombée juste à côté. La population est terrifiée. "Ce qui nous fait de la peine, c'est qu'avant, les citoyens nous faisaient confiance pour assurer leur sécurité. Mais maintenant, ils ont peur de nous, car nous sommes devenus des cibles", explique Ghassan Zheim.

Des secouristes en opération dans le quartier de Dahieh, dans le sud de Beyrouth, fief du Hezbollah. (DÉFENSE CIVILE LIBANAISE)

Il faut alors s'adapter et éviter par exemple d'envoyer des équipes trop importantes au même endroit. "Pour éviter un trop grand nombre de blessés, après chaque frappe, je vais sur place avec un de mes collègues à moto, explique le responsable des opérations dans la banlieue sud de Beyrouth. C'est plus facile pour évaluer la situation et voir quels sont les besoins : pompiers, équipes de secours. Et voir s'il y a des victimes, des blessés."

Deux pompiers sont morts dans le quartier Haret Hreik à Beyrouth, le 10 octobre 2024. (DÉFENSE CIVILE LIBANAISE)

Ce qui le frappe le plus, ce sont ces corps d'enfants, parfois méconnaissables. "Il faut continuer, dit Ghassan Zheim, coûte que coûte à porter assistance aux familles." Depuis le début des hostilités, la défense civile libanaise a perdu au moins treize de ses secouristes à travers tout le pays. Un bilan qui ne cesse d'augmenter d'heure en heure.

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