Attentat contre des policiers à Paris : "Daech cherche à s'inviter dans la campagne présidentielle"
Au lendemain de l'attentat contre des policiers sur les Champs-Élysées, à Paris, Hugo Micheron, spécialiste du Moyen-Orient et de Daech, s'interroge sur l'impact de l'attaque sur l'élection présidentielle.
Un policier a été tué et deux autres blessés dans une fusillade sur les Champs-Élysées à Paris, jeudi 20 avril. L'assaillant a été abattu. L'attentat a été rapidement revendiqué par le groupe État islamique. Interrogé sur franceinfo vendredi, Hugo Micheron, doctorant à l’ENS et spécialiste du Moyen-Orient et de Daech, a insisté sur "la symétrie, le paradoxe, entre l'individu esseulé et l'impact médiatique de cette attaque, surtout à trois jours d'une élection aussi importante" que la présidentielle. Pour lui, "cette attaque est considérable" et "la question est de savoir quelle va être la conséquence sur le vote".
franceinfo : Comment expliquez-vous cette revendication de Daech qui est arrivée très vite, ce qui est plutôt rare ?
Hugo Micheron : C'est probablement le signe que cette attaque était préparée a minima, qu'il y avait une coordination entre l'État islamique en Syrie et en Irak et cet individu. Il faut probablement s'attendre à une revendication audio et vidéo dans la journée. Daech cherche à s'inviter dans la campagne présidentielle. Il faut aussi replacer l'attentat dans un contexte européen. C'est au moins la troisième attaque de Daech en moins d'un mois en Europe après Stockholm et Londres.
On a déjoué un attentat à Marseille la semaine dernière. Peut-on craindre d'autres attentats du même type car la présidentielle donne plus de résonance ?
En réalité, c'est la même séquence ouverte depuis les attentats de janvier de 2015. La différence est que Daech est en repli et presque défait sur le front militaire en Syrie et en Irak. L'autre front c'est en Europe, où Daech cherche à exporter sa terreur à travers la répétition des attaques dans le temps et dans l'espace et ainsi à déstabiliser les systèmes démocratiques. C'est pour cela que le scénario d'une attaque pendant les élections présidentielles est particulièrement souhaité par L'État islamique.
Et le combat est d'autant plus difficile que Daech dispose de disciples sur le territoire français prêts à agir ?
Il y a, à l'heure actuelle, plusieurs centaines de Français directement impliqués dans les réseaux de Daech. Ce n'est pas seulement un phénomène exogène, qui prend source en Syrie et en Irak, c'est également un phénomène français. Nous avons 400 retours de Syrie, des individus en détention. Et puis, il y a tous ceux qui cherchaient à se rendre en Syrie ou en Irak et qui ne peuvent plus le faire. L'organisation État islamique, anticipant sa défaite par le biais de son porte-parole en juillet dernier, appelait à ne pas partir et à commettre des attaques en Europe. Par ailleurs, on voit que l'individu a agi seul alors qu'il n'était probablement pas isolé. Il faut voir la symétrie, le paradoxe, entre l'individu esseulé et l'impact médiatique de cette attaque, surtout à trois jours d'une élection aussi importante. Cette attaque est considérable. La question est de savoir quelle va être la conséquence sur le vote.
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