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Offensive vers Mossoul : "On est entré dans une lutte à mort"

Deux semaines après le lancement de l'offensive par la coalition, le groupe État islamique se prépare à la bataille de Mossoul. Une bataille qui s'annonce sanglante, prédit le général Vincent Desportes, spécialiste de défense et de sécurité, invité vendredi sur franceinfo.

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Des peshmergas dans un village à l'est de Mossoul, le 26 octobre. (SAFIN HAMED / AFP)

Plus de 230 personnes ont été tuées par l'État islamique autour de Mossoul ces derniers jours. Mais le plus difficile reste à venir. Les forces de la coalition se rapprochent petit à petit du fief de l'organisation terroriste, où Daech se prépare à la bataille.

"On est rentré dans une lutte à mort où le déroulement va s'inventer jour après jour", a déclaré vendredi 28 octobre sur franceinfo le général Vincent Desportes, spécialiste de défense et de sécurité, professeur associé à Sciences Po et enseignant en stratégie à HEC.

franceinfo : Certaines rumeurs disent que Daech utilise des otages comme boucliers humains. Est-ce que c'est plausible ?

Vincent Desportes : C'est plus que plausible, c'est même probable. On ne pouvait pas s'attendre à ce que Daech quitte facilement Mossoul. La puissance du groupe État islamique repose aujourd'hui sur les pièges qu'il a préparés. Elle repose surtout sur ce million de civils encore dans Mossoul, qu'il va utiliser pour se protéger des attaques et pour empêcher la coalition de bombarder.

La guerre dans laquelle on est entré va être très difficile. Nous sommes au cœur d'une guerre barbare qui sera semée de batailles sanglantes et dans laquelle aucune loi de la guerre ne sera respectée par Daech. La coalition aura donc la plus grande difficulté à mener une guerre propre, contre un adversaire pour qui la vie n'a aucune valeur.

La coalition doit s'attendre à tous les coups bas

Vincent Desportes

sur franceinfo, le 28 octobre 2016

La coalition pourrait-elle aller jusqu'à tuer des civils pour récupérer Mossoul ?

Évidemment non. On ne va pas aller faire à Mossoul ce qu'on reproche à Bachar el-Assad et à Vladimir Poutine de faire à Alep (Syrie). Il n'est pas question d'aller tuer les gens qu'on entend libérer de l'emprise de Daech. Et c'est bien là-dessus que les jihadistes vont jouer. On est entré dans une lutte à mort, dont le déroulement va s'inventer jour après jour et qui va placer la coalition internationale dans de grandes difficultés (...) Quand on sera au cœur de Mossoul avec les populations civiles prises en otage, nul ne sait comment les choses vont se dérouler. Nous sommes entrés dans une guerre barbare.

 Daech est notre ennemi à mort. Nous sommes son ennemi à mort.

Vincent Desportes

À quoi peut-on s'attendre dans les jours qui viennent ?

Plus la coalition va se rapprocher du cœur de la ville, plus la défense va être dure. On voit bien que quand les soldats de Daech n'ont pas d'autre choix que de mourir, ils provoquent un attentat-suicide. Ils se jettent avec leurs voitures piégées sur les adversaires. Tout ce qu'on peut prévoir, c'est que le conflit va devenir de plus en plus horrible. 

Il y avait au départ l'éventualité que Daech quitte Mossoul pour se réfugier à Raqqa, le fief du groupe État islamique en Syrie, afin de conduire la dernière bataille dans Raqqa. On voit désormais que c'est improbable et que la prise de Mossoul sera extrêmement douloureuse pour toutes les parties, en particulier pour les civils qui restent encore dans la ville.

"Nous sommes entrés dans une guerre barbare", selon le général Vincent Desportes.

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